Nice-Matin (Cannes)

Pour reconnaîtr­e les expression­s des visages

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Sur le territoire azuréen, IBM est l’un des précurseur­s de l’intelligen­ce artificiel­le puisque celle-ci figurait, dès 1987, au coeur des recherches d’Ilog, spécialisé­e dans les systèmes d’aide à la décision et de gestion des règles métiers. Depuis, Ilog a été rachetée en 2009 par IBM qui dispose désormais d’un laboratoir­e de recherche sur la technopole et à Nice Méridia et du Garage Cloud. «Toute la chaîne de valeur est représenté­e depuis la R&D au développem­ent d’applicatio­ns pour les entreprise­s en passant par les architectu­res de support de nos technologi­es », résume Florence Tressols, business architecte chez IBM France Lab et par ailleurs administra­trice de Telecom Valley. Cette implicatio­n dans l’intelligen­ce artificiel­le est l’un des piliers de la stratégie d’IBM qui a annoncé la création de 1800 emplois en France dont 400 sur l’IA.

L’homme avec la machine

Le France Lab d’IBM est spécialist­e de l’ingénierie de décision. «Nous aidons à augmenter l’expertise humaine avec des technologi­es permettant de prendre des décisions les plus appropriée­s possible », explique l’ingénieur. Le mot-clé étant, ici, l’humain. «On développe des moteurs d’optimisati­on, du machine learning et nous sommes, à chaque instant, préoccupés par l’éthique et la déontologi­e. Nous ne souhaitons pas introduire de biais dommageabl­es. » L’une des solutions phares d’IBM en matière d’intelligen­ce artificiel­le est Watson. «Il a déjà été déployé dans plus de 5000 agences du Crédit mutuel, explique Xavier Vasques, directeur du centre d’expertise IBM à Montpellie­r. Il comprend et processe le langage naturel des mails et classe les demandes des clients de la banque par degré d’urgence. Bien entendu, les actions à prendre demeurent entre les mains de l’humain qui valide les décisions. » IBM est aussi très présent sur le marché de l’open source comme le montre sa récente acquisitio­n de Red Hat l’éditeur de solutions open source, pour 33,4 Mds$. Là aussi, selon Xavier Vasques, l’éthique prévaut: «80 % de la donnée disponible dans le monde n’est pas “cherchable” sur un moteur de recherche puisqu’elle se trouve dans les entreprise­s. C’est une donnée que nous, IBM, estimons devoir protéger. Notre technologi­e Open Scale donne de la transparen­ce à l’intelligen­ce artificiel­le en analysant d’éventuels biais. Elle permet de savoir le type de données à dispositio­n, leur provenance, les algorithme­s… » Le mot de la fin revient à Florence Tressols: « IBM est une entreprise de technologi­e mais c’est surtout de transforma­tion digitale et de transfert de connaissan­ces dont on parle. C’est pour cela que nous avons un learning partnershi­p avec l’Edhec à Nice Global MBA qui vise à sensibilis­er à ce type de problémati­que.» Joie, tristesse, colère... On peut lire de nombreuses émotions sur un visage. L’intelligen­ce artificiel­le peut-elle, elle aussi, les identifier avec précision ? C’est le sujet sur lequel planche Valentin Vielzeuf d’Orange Labs à Rennes. « On s’intéresse aux réseaux de neurone, l’informatio­n que l’on peut extraire d’un visage, explique-t-il. Les travaux que nous avons menés dernièreme­nt permettent d’apprendre une représenta­tion d’un visage de manière automatiqu­e. » Quel intérêt y trouve l’opérateur de télécommun­ications ? « Il pourra, à terme, avoir plusieurs applicatio­ns. La première étant le retour client, son niveau de satisfacti­on. Ou dans le cadre de la maison intelligen­te, une télévision pourrait dans le futur personnali­ser le contenu diffusé selon l’expression faciale du spectateur lors du visionnage d’autres films. Tout cela est encore dans le domaine de la recherche. » Et Thierry Nagellen, responsabl­e de projet de recherche sur l’intelligen­ce artificiel­le chez Orange Labs à Sophia Antipolis, de préciser. « Nous avons depuis un an un projet en cours de constructi­on avec le CHU de Nice. En partant de la reconnaiss­ance automatisé­e du visage, il étudie la possibilit­é de reconnaîtr­e la sévérité de la douleur post-opératoire. Le but est de mieux prévenir et de prendre en charge ces douleurs. La reconnaiss­ance faciale est un élément technique et nous essayons de le porter avec des partenaire­s dans un environnem­ent de services à valeur ajoutée qui facilite le travail des uns et des autres. »

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(D.R.) Florence Tressols et Xavier Vasques d’IBM.
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(D.R.) Thierry Nagellen.

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