La mère de Séréna, l’enfant «du coffre» devant les assises de Corrèze
Une naissance en secret et deux ans d’une enfance cachée de tous, mari, enfants, voisinage: la cour d’assises de Corrèze a commencé, hier à Tulle, à juger la mère de Séréna, le bébé dit «du coffre» (de voiture), un cas aux confluents troubles du déni de grossesse, de la dissimulation et de la maltraitance. Le rappel des déclarations de la mère aux enquêteurs, au début du procès, a d’emblée souligné l’étrangeté du cas du Séréna, avec une réalité de mauvais soins assumés, et une ambivalence entre effort de dissimulation, et volonté d’être découverte. Rosa Maria da Cruz, la mère âgée de 50 ans, qui comparaît libre, est poursuivie pour violences suivies de mutilation ou infirmité permanente sur mineur de 15 ans par ascendant.
ans de réclusion
Elle, qui n’a pas fait de détention, encourt 20 ans de réclusion. L’affaire est jugée aux assises en raison du caractère «permanent» des séquelles de l’enfant, révélé par les expertises. Un «déficit fonctionnel à 80 %» ,un « syndrome autistique vraisemblablement irréversible», a souligné une expertise mi-2016. Cet isolement, ce confinement, dont le procès tentera de prendre la mesure réelle, ont été révélés fin octobre 2013, lorsqu’un garagiste de Terrasson-Lavilledieu (Dordogne) intrigué par des couinements, découvrait l’enfant dans un couffin « cosy » dans le coffre de la Peugeot 307 d’une cliente, qui attendait sur place. Au début du procès, la lecture de l’état de l’enfant, lors de sa découverte, a glacé le public. Nue, extrêmement sale, déshydratée, désarticulée, semblant chercher de l’air, les yeux se révulsant, entourée d’excréments, mais aussi de larves, d’asticots, de jouets, peluches, le tout dans une odeur « nauséabonde ». Il faudra laver quatre fois l’enfant à l’hôpital avant de l’en défaire. «C’est très dur d’être confrontée à la réalité, au mal que je lui ai fait», a déclaré dans ses premiers mots à la barre Rosa Maria da Cruz. Séréna, qui aura 7 ans fin novembre, vit à présent en famille d’accueil. Le procès, prévu par le président pourrait durer cinq à sept jours.