Nice-Matin (Cannes)

La droite évanescent­e

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Malgré sa chute accélérée dans les sondages, Emmanuel Macron reste fort des faiblesses de ses opposants. A gauche, les excès de Jean-Luc Mélenchon le pénalisent et éclairent le recul des Insoumis dans les sondages sur les prochaines européenne­s (autour de  %). Le Parti socialiste, lui-même, ne retrouve aucun crédit avec , % et demeure plus que jamais un grand cadavre à la renverse. Quant à la droite, elle ne brille guère non plus avec  % des intentions de vote ( points de moins que François Fillon au premier tour de la présidenti­elle !), loin derrière le Rassemblem­ent national et La République en Marche, crédités l’un et l’autre d’un peu plus de  %. Ce n’est pas un naufrage mais tout de même la preuve que Les Républicai­ns de Laurent Wauquiez ne parviennen­t toujours pas à rebondir. Certes, ils peuvent arguer que, dans le passé, en  notamment, Nicolas Sarkozy, à la tête de la liste RPR, ne sut réunir que , %

des électeurs, un score très médiocre qui n’empêcha

pas la réélection de Jacques Chirac en  et la victoire sarkoziste dans la course élyséenne de . Ce passé ne donne pourtant guère de raisons d’espérer à la droite d’aujourd’hui. Depuis la présidenti­elle, elle ne réussit pas à se faire entendre et semble plongée à la fois dans des divisions difficilem­ent dissimulée­s et un réel embarras. On peut en prendre la mesure dans sa quasi-disparitio­n de la scène publique ces dernières semaines, par exemple à propos du mouvement des « gilets jaunes ». Elle parle évidemment. Sans se faire entendre ! Les micros lui sont ouverts mais son discours n’a pas d’impact. Du coup, elle ne tire aucun profit des difficulté­s d’Emmanuel Macron. Cette évanescenc­e est d’autant plus surprenant­e que LR contrôle très largement les collectivi­tés locales et le Sénat. On aurait pu imaginer qu’elle profiterai­t de cette situation pour organiser une reconquête construite à partir de son expérience locale. Une stratégie girondine en quelque sorte, inédite et innovante, plaidant pour une nouvelle distributi­on du pouvoir et des responsabi­lités dans le pays, illustrant une démocratie participat­ive allant du bas vers le haut, rompant avec son jacobinism­e traditionn­el qu’Emmanuel Macron s’est d’ailleurs approprié. Au fond, elle campe sur une position défensive, hantée par la peur de se laisser dépouiller par l’extrême droite. Bref, la droite ne s’est toujours pas modernisée alors qu’elle a les atouts pour se réinventer. Tant qu’elle ne le fera pas, elle stagnera.

« Les micros lui sont ouverts mais son discours n’a pas d’impact. »

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