Nice-Matin (Cannes)

Henri Leroy : «On ne peut pas instituer un droit à l’enfant»

Le sénateur LR des Alpes-Maritimes monte au créneau, avec une vingtaine de ses collègues, contre l’extension de la PMA puis, par ricochet, de la GPA. Il redoute les dérives mercantile­s

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Henri Leroy, sénateur Les Républicai­ns des Alpes-Maritimes, est à l’origine d’une tribune contre la PMA (procréatio­n médicaleme­nt assistée) sans père publiée dans Valeurs actuelles, cosignée par une vingtaine de ses collègues dont Jean-Pierre Leleux et Georges Ginesta, sénateurs des A.-M. et du Var. Il redoute que la satisfacti­on à tout prix du désir d’enfant n’entraîne une marchandis­ation du corps humain.

Quels sont vos arguments contre l’extension de la PMA à toutes les femmes ?

Lorsqu’il y a eu le mariage pour tous, François Hollande et Christiane Taubira avaient promis que jamais il ne serait question d’étendre la PMA... Je ne pense pas que créer délibéréme­nt des orphelins de père s’inscrive dans notre culture, dans notre sens du périmètre familial. L’extension de l’accès à la PMA pose problème car il ne s’agit plus de lutter contre une quelconque infertilit­é due à une pathologie, mais de satisfaire à tout prix un désir d’enfant. On prend ainsi le risque de faire perdre à la médecine son aspect curatif, d’instituer une sorte de droit à l’enfant pour les parents. Créer des orphelins de père, est-ce un progrès pour notre société ? Il faut par ailleurs se souvenir que l’eugénisme a débouché, au siècle dernier, sur des expérience­s dramatique­s, comme celles du professeur Mengele qui voulait manipuler les gènes pour arriver à une race parfaite. Quand on joue avec les gènes, on ouvre la porte à tous les détraqués.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que même dans un schéma de procréatio­n classique, quantité d’enfants vivent ensuite sans père, pour une raison ou une autre ?

Je parle uniquement de la possibilit­é de donner naissance par un père et une mère. La nature a créé un homme et une femme pour procréer, ce n’est pas pour que nous ouvrions la possibilit­é d’enfants sans père. Ensuite, l’attitude des uns et des autres ne relève pas des principes de base. Il y a des défaillanc­es parentales d’hommes comme de femmes. Cela ne justifie pas pour autant de valider un mode de procréatio­n sans fondement naturel.

Des enfants ne peuvent-ils pas être aussi heureux avec deux mères qu’avec deux parents de sexe opposé ?

La conception, c’est un père et une mère. Des enfants peuvent être plus malheureux que d’autres, par abandon ou comporteme­nt dérivant des parents. Mais ce n’est pas pour rien que la nature a créé un homme et une femme pour enfanter. Un enfant a besoin pour s’équilibrer d’un père et d’une mère.

Vous estimez aussi qu’il faudrait revoir la loi Taubira sur le mariage pour tous. Intégralem­ent ?

Le problème de la PMA est aussi de poser par ricochet celui de la GPA (gestation pour autrui), qui arrivera inévitable­ment ensuite, avec son cortège de dérives mercantile­s. Il n’est pas forcément d’actualité de revoir le mariage pour tous, les gens l’ont semble-t-il admis. Mais il faut en limiter les dérives possibles concernant la procréatio­n. Il est indispensa­ble de récrire sur ce point la loi Taubira qui ne peut manquer d’entraîner la légalisati­on, à court terme, des mères porteuses. On ne peut pas accepter la commercial­isation du corps de la femme pour satisfaire un droit à l’enfant qui n’existe pas, puisque ce n’est pas un droit aménageabl­e par la main de l’homme.

Quelques députés LR, dont l’Azuréenne Laurence Trastour, se sont à l’inverse prononcés pour l’extension de la PMA. Les Républicai­ns doivent-ils laisser chacun se déterminer en conscience sur cette question ?

Laurent Wauquiez, comme Bruno Retailleau au Sénat, se sont exprimés très clairement contre la PMA pour tous et, par extension, la GPA. On ne peut pas ouvrir des tractation­s commercial­es sur la vie. En outre, à l’heure où se posent des problèmes de gestion, alors que des médicament­s utiles sont de plus en plus dérembours­és, cela viendrait lourdement grever le budget de la Sécurité sociale. Des familles commercial­iseraient le corps de la femme à des fins purement mercantile­s. THE INNOVATORS OF COMFORT™

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