Nice-Matin (Cannes)

L’humain, anthropoph­age jusqu’à sa propre moelle

Interview Pierre Blain met en scène Homnimal, nouveauté coproduite par Anthéa. Une vision clownesque de la violence à découvrir ce soir pour la grande première !

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

S’avérer aussi nocif, destructeu­r et terrorisan­t : ça relève du talent. Ici, avec cette nouvelle création coproduite par Anthéa, Pierre Blain propose une vision acérée des vices de l’Homme avec un grand H. Avec Homnimal, il met en scène un jeu de rôle à plusieurs étages. Tout débute avec trois cadres qui se prêtent à un stage de survie régit par ses propres lois... Pas très loin de la jungle des clowns. Pour le découvrir, rendez-vous ce soir pour la première au théâtre antibois.

Pourquoi avoir choisi de parler du monde de l’entreprise ?

J’aime bien interroger l’humain, son rapport à la société. Autour de moi, pas mal de personnes sont tombées dans le burn-out, avec cette accélérati­on du temps et de productivi­té demandé... Si on situe la pièce dans le monde de l’entreprise, ce n’est pas forcément le thème principal. L’idée est d’interroger la bestialité autour de nous, comment on doit obéir à des ordres bêtes, comment on peut facilement oublier les codes sociaux. On dit que l’Homme est l’espèce la plus developpée mais on peut en douter. Je ne suis pas misanthrop­e mais l’Homme peut aussi bien me surprendre dans le bon comme dans le mauvais.

Vous utilisez la figure du clown pour prendre de la distance ?

Comme le propos est plutôt sombre il me fallait une situation décalée et burlesque : avec les clowns on se retrouve aussi dans un escape game. Il fallait une scénograph­ie avec un code de jeu ludique pour décaler l’horreur.

Aussi la question de la liberté...

Il existe des expérience­s assez frappantes autour de la question : on ordonne aux gens de faire des choses et ils sont capables d’aller très loin... Rien que les objets de tortures ou l’opium utilisés pour permettre aux hommes de souffrir plus longtemps. L’animal tue principale­ment pour survivre. L’homme, non.

L’homme n’est donc pas un animal comme les autres...

Non, il est très complexe. J’ai vu récemment une théorie qui parlait de l’homme comme le parasite de la planète.

Intéressan­t !

Pas forcément pour tous au final. Avec cette création, je pose un acte artistique pour que les gens réflechiss­ent. Mais évidemment, les gens ne pourront pas forcément être d’accord avec mon propos.

Une création à base d’écriture plateau ?

Exact, entièremen­t en improvisat­ion. Et muette aussi. Parce que les mots ne sont pas utiles ici. Le corps parle davantage, c’est pratiqueme­nt dansé.

Vous êtes dans quel état en coulisses quand ça joue ?

Dans un état horrible ! [rires] Quand je suis comédien, je n’ai pas le trac puisque je reste maître de mes actions. Mais en tant que metteur en scène on se sent très impuissant. C’est le jeu. Il faut lâcher prise !

Savoir + Homnimal, texte et mise en scène Pierre Blain, avec notamment avec Frédéric Fialon, Christian Guérin et Hugo Musella, ce soir à 21 heures, demain à 20 h 30 et vendredi à 21 heures, au théâtre Anthéa, 260 avenue Jules-Grec à Antibes. Tarifs : 17 à 24 euros. Rens. 04.83.76.13.00.

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(Photo Eric Ottino) A découvrir sur les planches d’Anthéa dès ce soir.

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