Nice-Matin (Cannes)

Plea, philanthro­pe national

L’ancien attaquant du Gym, qui reverse 1 % de son salaire annuel à un fonds de dotation caritatif, vient de rejoindre l’équipe de France. Une juste récompense pour ce bosseur

- MATHIEU FAURE

Il y a peu, certains suiveurs du Gym pestaient sans cesse contre Alassane Plea, coupable à leurs yeux de croquer des occasions à la pelle. Comme le vent tourne, les vestes suivent. Ce matin, l’ancien attaquant du Gym (2014-2018) est en équipe de France de football où il a hérité du numéro 8. Huit, c’est le nombre de buts que l’ancien Niçois vient de planter en Bundesliga avec Mönchengla­dbach, deuxième du championna­t derrière Dortmund. « Être appelé en équipe de France, c’est quelque chose d’extraordin­aire. J’ai hâte de la découvrir, d’avoir ma première cape et d’essayer d’y rester, confesse-t-il dans L’Equipe d’hier. C’est une des sélections les plus difficiles et être convoqué, c’est super. Il y a des joueurs de qualité de partout, des cracks. Ça va me faire plaisir de les côtoyer pour voir le niveau dit internatio­nal. Ça ne peut que me faire progresser. Je vais essayer d’apprendre et découvrir beaucoup de choses. »

« Il arrive à maturité »

Dans son entourage, pourtant, on n’est pas surpris de voir « Alasse » si haut. « C’est un garçon qui ne lâche jamais rien, il a connu deux graves blessures au genou mais il est revenu encore plus fort, c’est l’un de ses traits de caractère alors qu’il donne l’impression d’être timide, renfermé mais dès qu’il pose un pied quelque part, il s’enracine, poursuit-on dans son clan. Il ne va pas tout casser en 15 jours, il a besoin de temps et là, il arrive à maturité. Je pense qu’il avait besoin d’un nouvel environnem­ent, de se remettre en question ». Le choix du Borussia était primordial dans son évolution. « L’exemple de Benjamin Pavard me donne de l’espoir, car c’est la preuve que le sélectionn­eur suit la Bundesliga et qu’il ne faut pas forcément être sous contrat dans un immense club pour être appelé » affirmait-il dans L’Équipe avant le rassemblem­ent d’octobre. Même si Plea doit son appel sous les drapeaux à une triple défection (Lemar, Martial puis Lacazette), il ne débarque pas en territoire inconnu. Le maillot bleu, il connaît : 1 sélection avec les Espoirs, 6 avec les U20, 15 avec les U19 et 3 avec les U18. Des matches où ses coéquipier­s s’appelaient Thauvin, Digne, Areola, Pogba, Umtiti ou encore Varane, la fameuse génération 1993. Mais le natif de Lille est aussi passé par le centre de formation de l’OL où il a brillé en CFA avec Corentin Tolisso, Anthony Lopes et Nabil Fekir. Comment ce bon joueur de CFA, remplaçant à Auxerre lors d’un prêt en Ligue 2, est-il devenu une machine à marquer des buts ? « Dans sa progressio­n, Claude Puel a été déterminan­t, rembobine-ton dans son entourage. Jeune, il avait deux défauts, la finition et la constance car il pouvait sortir du match pendant 20 minutes sans raison. Maintenant, c’est quelqu’un de froid devant le but, vous pouvez batir une attaque autour de lui, d’autant qu’il a un sens du collectif très affirmé et ses appels sont incisifs. Pour un coach, c’est un joueur exceptionn­el, il peut évoluer à gauche, à droite, dans l’axe ».

La main sur le coeur

Au-delà du joueur, Alassane Plea a surtout une tête bien faite. Lors de son séjour sur la Côte d’Azur, l’attaquant se fait remarquer par son engagement permanent dans la vie associativ­e. En mars dernier, il confesse reverser 1% de son salaire à un fonds caritatif du club azuréen pour la collecte de vêtements et de jouets aux personnes défavorisé­es. Il s’en expliquait d’ailleurs dans les colonnes du Monde. « Nous sommes dans un milieu qui est de plus en plus médiatisé, starifié. Mon engagement me ramène dans le monde réel. Dans ma vie, j’ai énormément de chance et, parfois, quand tu te plains pour pas grand-chose, ça te remet les idées en place. Reverser un pourcentag­e de mon salaire apparaissa­it donc pour moi comme la continuité de mon engagement afin d’aller un peu plus loin ». Un geste qui faisait écho au projet « Common Goal », lancé en 2017 par l’ailier de Manchester United Juan Mata. Plea, ce garçon au grand coeur qui, aujourd’hui, martyrise les défenses allemandes. « A part l’Italie, qui est encore très tactique, il ferait mal partout, conclut-on dans son clan. Il lui manquait la sérénité, c’est fait et il rattrape le retard occasionné par ses blessures. Si en fin de saison, il est internatio­nal et qu’il colle 20 buts en championna­t, ça peut aller vite. »

‘‘ Quand on a lancé Plea dans l’axe, alors qu’il a été formé sur un côté, on a essuyé des critiques. On croit en lui, il a un bon pied, une bonne technique, il est rapide et endurant.” Claude Puel, en août 2015, quand il entraînait Nice

 ?? (Photos AFP et EPA) ?? Alassane Plea, du Gym à l’équipe de France en passant par Gladbach : retour sur une trajectoir­e incroyable.
(Photos AFP et EPA) Alassane Plea, du Gym à l’équipe de France en passant par Gladbach : retour sur une trajectoir­e incroyable.

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