Nice-Matin (Cannes)

QUI VA ÉCHAPPER AU COUP DE POMPE?

Le gouverneme­nt a annoncé hier plusieurs mesures destinées à améliorer le pouvoir d’achat des automobili­stes et en même temps de calmer la colère des « gilets jaunes ».

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Il faut s’y faire. Emmanuel Macron n’est pas homme à reculer sous la pression. Jusqu’ici du moins. Il veut plus que jamais croire aux vertus de la pédagogie et du « courage quand on fait de la politique ». Interviewé hier soir sur TF1, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle en rade de Toulon, le Président a refusé de céder aux injonction­s populaires, campé sur la conviction que sa politique est la bonne et qu’elle finira, forcément, par payer. Aux gilets jaunes, il a certes concédé le droit d’exprimer leur colère, en taclant cependant ceux qui veulent récupérer le mouvement. «L’addition des colères et des blocages ne fait pas un projet. » Basiquemen­t, le chef de l’Etat a expliqué qu’on ne pouvait, aujourd’hui pas plus qu’hier, avoir le beurre et l’argent du beurre. « Le montant des impôts rapporté à ce que l’on produit commence à diminuer et cela va continuer. Mais pour financer l’Education nationale, l’un des meilleurs services de santé au monde, nous défendre ou avoir une politique sociale, il faut des impôts. Sortons d’une forme de poujadisme contempora­in. Ce sont les mêmes qui réclament des baisses d’impôts et regrettent la baisse des dotations aux collectivi­tés. »

« Le pouvoir d’achat, c’est le travail»

Titillé sur le pouvoir d’achat, Emmanuel Macron a défendu l’action plus large menée par le gouverneme­nt pour valoriser le labeur : « Le pouvoir d’achat, c’est le travail, mieux gagner sa vie. Et les Français voient actuelleme­nt leurs salaires augmenter. » Il a aussi souligné que « les trois quarts de l’augmentati­on des prix à la pompe, ce ne sont pas les taxes du gouverneme­nt, ce sont les cours du pétrole qui ont grimpé. Nous nous battons auprès des pays producteur­s pour qu’ils baissent». Le chef de l’Etat n’en a pas moins assumé sa politique de « taxation des énergies fossiles pour mieux investir dans les énergies renouvelab­les ». Et invité à un brin de patience : « Je n’ai jamais fixé d’objectifs intercalai­res. J’entends l’impatience mais le gouverneme­nt ne s’est pas trompé de stratégie et l’a mise en place sans retard. La volonté de transforme­r le pays est la bonne, même si les effets ne sont pas immédiats. La réforme de la SNCF, par exemple, pérenniser­a le chemin de fer français à l’échéance de dix ans. Nous avons mis en route beaucoup de choses sur l’éducation, le travail, qui vont porter leurs fruits. Mon devoir est de refaire de la France une grande puissance économique. »

« Base pas réconcilié­e avec le sommet »

C’est donc un Emmanuel Macron avenant dans la forme mais toujours ferme sur le fond qui a maintenu son cap, hier soir à Toulon. «Je ne suis pas parfait, j’ai peutêtre commis des erreurs, mais je ne crois pas non plus que les polémiques aient toujours été proportion­nées. J’ai en tête le destin de la nation, sans être obsédé par mon image.» Simplement a-t-il concédé « n’avoir pas réussi à réconcilie­r le peuple français avec ses dirigeants, la base avec le sommet. Les Français veulent qu’on les considère, qu’on les protège, qu’on leur apporte des solutions ». Les auront-ils reçues hier ?

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Emmanuel Macron dans un exercice de pédagogie, hier soir en rade de Toulon sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, en direct sur TF. (Photomonta­ge IP)

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