QUI VA ÉCHAPPER AU COUP DE POMPE?
Le gouvernement a annoncé hier plusieurs mesures destinées à améliorer le pouvoir d’achat des automobilistes et en même temps de calmer la colère des « gilets jaunes ».
Il faut s’y faire. Emmanuel Macron n’est pas homme à reculer sous la pression. Jusqu’ici du moins. Il veut plus que jamais croire aux vertus de la pédagogie et du « courage quand on fait de la politique ». Interviewé hier soir sur TF1, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle en rade de Toulon, le Président a refusé de céder aux injonctions populaires, campé sur la conviction que sa politique est la bonne et qu’elle finira, forcément, par payer. Aux gilets jaunes, il a certes concédé le droit d’exprimer leur colère, en taclant cependant ceux qui veulent récupérer le mouvement. «L’addition des colères et des blocages ne fait pas un projet. » Basiquement, le chef de l’Etat a expliqué qu’on ne pouvait, aujourd’hui pas plus qu’hier, avoir le beurre et l’argent du beurre. « Le montant des impôts rapporté à ce que l’on produit commence à diminuer et cela va continuer. Mais pour financer l’Education nationale, l’un des meilleurs services de santé au monde, nous défendre ou avoir une politique sociale, il faut des impôts. Sortons d’une forme de poujadisme contemporain. Ce sont les mêmes qui réclament des baisses d’impôts et regrettent la baisse des dotations aux collectivités. »
« Le pouvoir d’achat, c’est le travail»
Titillé sur le pouvoir d’achat, Emmanuel Macron a défendu l’action plus large menée par le gouvernement pour valoriser le labeur : « Le pouvoir d’achat, c’est le travail, mieux gagner sa vie. Et les Français voient actuellement leurs salaires augmenter. » Il a aussi souligné que « les trois quarts de l’augmentation des prix à la pompe, ce ne sont pas les taxes du gouvernement, ce sont les cours du pétrole qui ont grimpé. Nous nous battons auprès des pays producteurs pour qu’ils baissent». Le chef de l’Etat n’en a pas moins assumé sa politique de « taxation des énergies fossiles pour mieux investir dans les énergies renouvelables ». Et invité à un brin de patience : « Je n’ai jamais fixé d’objectifs intercalaires. J’entends l’impatience mais le gouvernement ne s’est pas trompé de stratégie et l’a mise en place sans retard. La volonté de transformer le pays est la bonne, même si les effets ne sont pas immédiats. La réforme de la SNCF, par exemple, pérennisera le chemin de fer français à l’échéance de dix ans. Nous avons mis en route beaucoup de choses sur l’éducation, le travail, qui vont porter leurs fruits. Mon devoir est de refaire de la France une grande puissance économique. »
« Base pas réconciliée avec le sommet »
C’est donc un Emmanuel Macron avenant dans la forme mais toujours ferme sur le fond qui a maintenu son cap, hier soir à Toulon. «Je ne suis pas parfait, j’ai peutêtre commis des erreurs, mais je ne crois pas non plus que les polémiques aient toujours été proportionnées. J’ai en tête le destin de la nation, sans être obsédé par mon image.» Simplement a-t-il concédé « n’avoir pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants, la base avec le sommet. Les Français veulent qu’on les considère, qu’on les protège, qu’on leur apporte des solutions ». Les auront-ils reçues hier ?