Nice-Matin (Cannes)

Fioul domestique : le (double) coup de chaud

Des prix qui flambent en pleine saison de chauffe. Et cette annonce d’Edouard Philippe qui souhaite la disparitio­n de ce type de chauffage d’ici à 10 ans... Sale temps pour le fioul

- STÉPHANIE GASIGLIA

a fait bien longtemps que j’ai changé mon chauffage au fioul par un insert», sourit ce Contois, affairé à ratisser les feuilles mortes dans son allée. «Vous ne trouverez plus grand monde au fioul dans le coin, on est presque tous passés à l’insert. Même jusqu’à Camp d’Argent ! Sauf la vieille dame là-bas au début de la rue. Elle a changé pour du gaz il y a quelque temps ». L’avantage de l’insert, selon ce quinquagén­aire, « deux bûches et c’est parti. Vous êtes en tee-shirt dans la maison. Et c’est moins cher que le fioul ».

 euros les  litres

D’autant moins cher que les prix flambent. Cette semaine, en France, il fallait compter entre 933 et 1011 euros les 1000 litres. 940 euros dans les Alpes-Maritimes et 937 dans le Var. Une vingtaine d’euros de plus pour le fioul supérieur, selon le site fioulmarke­t.fr. Dans le départemen­t le volume moyen de commande est de 1350 litres. 0,94 centime le litre : c’est environ 25 % de plus qu’à la même période l’an dernier. Mais on est loin des records de début 2008 ou encore ceux de 2012. Si les prix décollent, la faute à tout un tas de facteurs : le prix du pétrole brut, le prix du raffinage, le taux de change et le coût de l’essence pour le transport... Mais aussi la fameuse TICPE – la taxe intérieure de consommati­on sur les produits énergétiqu­es – qui va, d’ailleurs, encore augmenter au 1er janvier 2019 : une hausse estimée à 66 euros environ pour 2 000 litres de fioul domestique.

« L’électricit­é, ça chauffe rien du tout »

Un peu plus loin près de Blausasc, Marthe vit seule dans sa petite maison humide et peu ensoleillé­e. Un trois pièces qu’elle chauffe au fioul depuis toujours. Elle a fait le plein il y a trois semaines. La retraitée, âgée de 81 ans, paiera en plusieurs fois. «Cette année, ça m’a coûté 1936 euros. Il restait un fond de cuve. J’ai pris à peu près 2000 litres. L’an dernier, j’avais payé 1687 euros. », dit-elle en fouillant dans un tiroir de la cuisine. Soit 249 euros de plus. Les annonces du gouverneme­nt n’étaient pas encore arrivées jusqu’à elle, « je regarde le 13 heures à la télé seulement ». Mais pas question de se mettre au gaz. Pareil pour l’électricit­é : « Ça chauffe rien du tout ». Ne lui parlez pas non plus d’un insert : « Vous me voyez porter des bûches ?».

«  euros de plus qu’en  »

En ville certaines copropriét­és sont chauffées au fioul. Parfois de grosses résidences. Ou de petites maisons. Romain habite une maison niçoise à Pessicart. Une maison coupée en deux. Ils sont deux copropriét­aires. Sa cuve de fioul il l’a remplie il y a une semaine. « 1000 litres : 990 euros », lance-til. « 200 euros de plus que l’an dernier ». Se chauffer au fioul, malgré la hausse des prix, l’arrange bien. « Je ne sais pas si le gaz peut venir jusque chez moi, à moins de faire une tranchée de 30 mètres qui va coûter une blinde. Et si j’opte pour une chaudière à bois, je vais certaineme­nt devoir enlever tous les radiateurs et refaire tous les sols ». Dilemme. Et, quoi qu’il arrive, coûteux. À Saint-Martin-du-Var, Colette habite dans les hauteurs, au bout du bout d’un chemin. « Je n’ai pas envie d’installer une cuve de gaz dans mon jardin. Avec les pluies et le terrain qui bouge, j’ai peur qu’il y ait un souci ». La cheminée, elle s’en sert pour chauffer sa grande pièce à vivre. Le reste ? au fioul! « Franchemen­t, je n’ai pas envie de changer... Mais bon si on est obligés », répond-elle, fataliste. Et puis, finalement, vu les prix du fioul « pourquoi pas trouver une autre solution », finit-elle par dire. « Je n’ai pas encore fait le plein cette année. L’an dernier la douloureus­e c’était environ 1600 euros pour 2000 litres. Je me ferais certaineme­nt livrer en plusieurs fois. D’un coup, j’ai bien peur d’en avoir pour plus de 300 euros de plus, j’ai regardé les prix il y a un mois », peste-t-elle. À la mi-octobre, dans le départemen­t, le litre pouvait largement dépasser 1 euro. Les prix ont baissé depuis début novembre. Jusqu’à quand ?

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Une note salée pour les utilisateu­rs. Environ % de plus que l’an dernier. (Photo Eric Ottino)

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