Interview express
Des mesurettes. Voilà, à chaud, la réaction de Frédéric Ozon, le président de l’Automobile club de Nice, qui pour autant comprend la nécessité de transition énergétique. Il soutient le mouvement des gilets jaunes.
La prime à la conversion pour les Français les plus modestes qui passera de à euros ?
C’est mieux, c’est sûr, mais c’est quand même un retour en arrière par rapport à l’époque où il y avait euros pour l’achat d’un véhicule écolo. Et cela ne va concerner que % des automobilistes, cela laisse % qui vont être obligés de payer les taxes. La classe moyenne est encore oubliée. Les foyers qui vivent avec moins que le smic ont-ils vraiment les moyens aujourd’hui d’avoir une voiture ? Attention on n’est pas contre la transition écologique, bien au contraire, mais les taxes ne sont pas réinvesties dans cette transition. C’est assez hypocrite... Nous aurions tous compris je pense si le prix du gazole avait augmenté et celui de l’essence baissé. Or les deux augmentent.
Des indemnités kilométriques élargies...
Là aussi, cela va favoriser ceux qui ont des voitures neuves et ceux qui paient des impôts. Ceux qui n’en paient pas cela ne les touchera pas. Les moins favorisés et les classes moyennes là encore oubliés.
Le gouvernement envisage de baisser le coût du permis
Tout ce qui peut aider les jeunes dans ce sens est une bonne mesure. Mais quelle voiture doivent-ils acheter ? Quelles voitures conduirons-nous dans ans ? « Faire en sorte qu’à la fin du prochain quinquennat, il n’y ait plus de chauffage au fioul individuel en France ». Prononcée hier par le Premier ministre Édouard Philippe, cette annonce a retenu toute l’attention de Philippe Falaize, codirecteur de la société Fioul 83, installée à La Crau. Et on comprend pourquoi: «Le fioul, c’est notre coeur de métier. Ça représente plus de 14 000 clients particuliers et 40 % de notre chiffre d’affaires », confie l’entrepreneur varois.
Épargner le pouvoir d’achat des Français
S’il ne conteste pas la problématique de pollution, ce dernier n’est pas pour autant d’accord avec le gouvernement qui pousse, à grands renforts de taxes, à un changement d’énergie. L’alternative, Philippe Falaize la pioche outre-Rhin. « Ça fait des années qu’on réclame de faire comme l’Allemagne qui a opté pour l’utilisation d’un fioul de meilleure qualité, comparable au gazole routier actuel, c’est-à-dire qui contient 50 à 60 fois moins de soufre que le fioul domestique utilisé aujourd’hui en France ! » Pour Philippe Falaize, si cette solution n’a pas été retenue jusqu’à présent par l’État français, « c’est par peur de créer une pénurie sur le gazole routier, du fait de l’augmentation de la demande ». À l’en croire, le choix du gazole désoufré n’aurait pourtant que des avantages. Non seulement « ce carburant est nettement moins polluant que le fioul actuel, mais il est immédiatement utilisable dans les vieilles chaudières, sans aucune modification». Mieux : « avec une utilisation dans des chaudières murales à condensation, beaucoup plus économes en énergie, on lutterait encore plus contre la pollution sans s’en prendre au pouvoir d’achat des Français », affirme Philippe Falaize. Sur le long terme, le chef d’entreprise fait part de ses doutes. D’abord sur les finances de l’État. « Actuellement, les taxes sur le fioul domestique représentent 20 centimes par litre. Soit 400 euros pour une cuve de 2000 l. Cet argent alimente le budget de l’État. Si les Français passent tous au bois ou à l’électricité, l’État devra bien trouver d’autres ressources », fait-il remarquer. Mais aussi sur l’environnement. « Si demain tout le monde se chauffe au bois ou à l’électricité, il faudra couper davantage de forêts ou accepter de construire de nouvelles centrales nucléaires, à moins qu’on décide d’acheter de l’électricité issue de centrale au charbon à nos voisins ».