Nice-Matin (Cannes)

Agressions sexuelles: six ans requis contre Tron

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L’avocat général a requis, hier, six ans de prison ferme contre l’ex-secrétaire d’Etat et maire en exercice de Draveil, Georges Tron, pour les viols de deux de ses anciennes employées, le comparant au comte Dracula qui « vampirise ses victimes ». Il a requis quatre ans de prison à l’encontre de son ancienne adjointe à la Culture, Brigitte Gruel, jugée à ses côtés depuis le 23 octobre devant les assises de Seine-Saint-Denis, estimant qu’elle avait « obéi en petit soldat ». Il a également demandé que tous deux soient déclarés inéligible­s pendant cinq ans et leur inscriptio­n sur le fichier des délinquant­s sexuels.

Verdict aujourd’hui

Le verdict est attendu aujourd’hui, plus de sept ans après les dépôts de plainte, en mai 2011, de deux ex-employées municipale­s, et une dizaine d’années après les scènes qu’elles dénoncent. Virginie Ettel et Eva Loubrieu, 41 et 44 ans, accusent Georges Tron, maire de Draveil depuis 1995, et Brigitte Gruel de leur avoir, ensemble, imposé des attoucheme­nts et des pénétratio­ns digitales. Georges Tron avait démissionn­é le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d’Etat à la Fonction publique. Les accusés, âgés de 61 ans, ont toujours nié en bloc, estimant que le « ressentime­nt » des anciennes employées avait été exploité par leurs opposants locaux d’extrême droite. La position de l’avocat général Frédéric Bernardo était très attendue, le ministère public s’étant toujours opposé au renvoi devant les assises de l’élu et de son ex-adjointe. La tenue d’un procès avait finalement été décidée en 2014 par la chambre de l’instructio­n. « On a le droit d’avoir dans la magistratu­re son point de vue, j’ai le mien. (...) Faut pas croire qu’on est une armée de soldats », a déclaré l’avocat général. Pendant près de deux heures, il est descendu de sa place pour s’exprimer, sans notes, face à la cour. Il s’est aussi tourné vers les plaignante­s : « Votre situation m’a touché, vous avez pu développer une force inouïe, du courage, peut-être aussi un brin de folie pour supporter ce que vous avez vécu. »

La défense plaide l’acquitteme­nt

« On a parlé d’elle à peine deux minutes pour requérir quatre ans de prison !, tempête son avocat Frank Natali. Qu’est-ce qu’il y a dans ce dossier ? Rien ! » « L’accusation s’effondre comme un château de sable dès qu’on rentre dans les détails. (...) On colle un scénario et on veut en faire une vérité judiciaire », martèle-t-il. Les avocats de Georges Tron, Antoine Vey et Éric Dupond-Moretti, plaident à leur tour l’acquitteme­nt devant une salle comble. Me Vey dézingue un « procès de la rumeur et de l’amalgame », « une accumulati­on de riens ». L’affaire est jugée un an après la déflagrati­on Harvey Weinstein qui, a provoqué une vague mondiale de libération de la parole des femmes. « Que la parole des femmes se libère, c’est parfait, dit Éric Dupond-Moretti. Mais le réceptacle de cette parole ne sont ni les médias, ni les réseaux sociaux, mais la justice.» Les accusés auront la parole en dernier, ce matin, avant que la cour ne se retire pour délibérer.

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Georges Tron risque  ans d’emprisonne­ment. (Photo AFP)

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