L’arroseur arrosé
« Macron est rattrapé par la posture qui lui a servi de marchepied. »
En tentant de ramener le débat sur le terrain de la raison et de la pédagogie, Emmanuel Macron était dans son rôle, mercredi soir. Il n’en a pas moins perdu son temps. L’esprit de finesse n’a plus de prise sur la colère qui s’apprête à déferler sur le pays demain. L’irrationnel a pris le dessus, dans un gloubi-boulga que chacun assaisonne de ses propres aigreurs. Le ras-le-bol fiscal, le sentiment aigu d’une société plus que jamais à deux vitesses où ce sont toujours les mêmes qui trinquent, font dégorger l’auberge espagnole de la grogne. Les arguments les plus étayés ne pèsent rien contre les ressentis, si immodérés soient-ils. La situation ne manque d’ailleurs pas de piquant. Emmanuel Macron se retrouve aujourd’hui sous le feu d’un assaut miroir. Le peuple en mouvement vient lui crier sa déception d’une République en marche dont le credo de démocratie citoyenne s’est évanoui dès la porte de l’Elysée franchie.
Après avoir fait passer sous son joug des partis déboussolés, le
Président est rattrapé par la posture qui lui a servi de marchepied. Là est sa vraie faille, qu’il vient de reconnaître : n’avoir pas su reconnecter la base au sommet. Au nom d’une illusoire verticalité post-hollandienne, il s’est vite assis sur la démocratie participative dont les plus naïfs de ses compagnons de cordée voulaient croire qu’il incarnait le triomphe. Dans ce désamour à fronts renversés, ce ne sont pas les millions promis par le gouvernement pour adoucir la bascule écologique qui sont de nature à apaiser les acrimonies, alors que l’Etat encaissera milliards liés à la nouvelle taxation des carburants. S’ajoute à cela l’impression confuse que l’exécutif avance à tâtons dans une transition verte en clair-obscur. Tant vantée, la voiture électrique n’est pas la panacée. Elle émet aussi des particules fines, certes en moindre proportion, est adossée au nucléaire qui produit des déchets radioactifs, tandis que l’extraction du lithium, qui sert à fabriquer les batteries, ne va pas sans dégâts environnementaux dans les pays d’Amérique du Sud. Selon l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, c’est à partir de kilomètres d’utilisation seulement que l’impact énergétique devient favorable au moteur électrique par rapport au thermique. Mais ceci est un autre débat, à part entière.