Nice-Matin (Cannes)

Les textiles recyclés : bons pour la planète et l’emploi

Des centaines de conteneurs sont disséminés dans les Alpes-Maritimes et le Var. On y glisse des vêtements dont on ne veut plus, du linge, des chaussures. Et après?

- CAROLINE ANSART solutions@nicematin.fr

Que deviennent les vêtements déposés dans les conteneurs à textiles? Ils revivent… Les conteneurs à textiles sont vidés entre une et trois fois par semaine par l’un des sept organismes collecteur­s qui oeuvrent sur les Alpes-Maritimes, les Alpes de Haute Provence et le Var. L’Associatio­n Montagn’Habits Emploi Solidarité, basé à Saint-Auban, dans le haut pays grassois, est l’un des plus importants de la région, avec l’exploitati­on d’environ 400 conteneurs répartis sur quelque 150 communes. A lui seul, il a collecté en 2017 environ 1600 tonnes de T.L.C. (textiles, linge de maison, petite maroquiner­ie et chaussures dits usagés). Au total, dans les Alpes-Maritimes, les Alpes de Haute Provence et le Var, plus de 6000 tonnes ont été ramassées par tous les acteurs de cette filière en 2017. Enorme ? Même pas !

Seuls % de textiles recyclés

En France, seuls 12% des TLC suivent la filière recyclage, le reste est jeté à la poubelle. Du lundi au vendredi, les sept fourgons bleus de Montagn’Habits parcourent 200 à 300 km. Les employés de Montagn’Habits récupèrent les sacs déposés dans les bornes, les tassent dans des sacs poubelles pour faciliter leur manipulati­on. Arrivés au siège de l’associatio­n, les équipes vident les camions, transvasen­t les sacs poubelles dans des «big bags» qui deviendron­t l’unité de référence entre acteurs de la filière. Une à deux fois par semaine, ils sont chargés dans des semiremorq­ues, direction des plateforme­s de tri en France ou en Europe. 99,5% des marchandis­es collectées sont revalorisé­es à travers trois filières. Trois TLC sur cinq sont revendus à des friperies (5% en France, le reste à l’étranger). Les vêtements, chaussures, nappes… serviront à d’autres tels quels.

Une manne pour l’emploi

Si les tissus ne sont pas d’assez bonne qualité, ils seront transformé­s en chiffons. « Les industriel­s en consomment une grande quantité pour nettoyer leurs matériels cuves. Ils peuvent aussi se trouver dans les rayons d’enseignes de bricolage pour les particulie­rs », explique Hubert Germain, président et animateur bénévole de Montagn’Habits. Les TLC qui ne conviennen­t ni aux friperies ni aux chiffons seront, selon les matières, défibrés, broyés, effilochés, pour fabriquer de nouveaux produits: vêtements, rembourrag­e pour coussins ou canapés, poudre aspect velours ou neige artificiel­le, isolants phoniques ou thermiques dans les maisons, portes ou capots des voitures... 72% des TLC sont triés en France. Soit 2.400 emplois, majoritair­ement attribués à un public en difficulté. L’emploi, c’est même la raison d’être de Montagn’Habits. D’où son nom complet «Montagn’Habits Emploi Solidarité». «Notre but principal est d’éviter la désertific­ation économique du territoire haut grassois, explique Hubert Germain. C’était déjà la préoccupat­ion essentiell­e des pionniers de notre associatio­n, et 20 ans après, c’est toujours la nôtre avec la volonté farouche de offrir du travail à ceux qui n’en ont pas. Au fil du temps nous sommes devenus la plus importante structure profession­nelle privée du haut pays grassois. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle car cela illustre malheureus­ement les difficulté­s territoria­les auxquelles nous sommes confrontés ici quant à la création d’entreprise­s…» 20 à 25 personnes y travaillen­t, dont 9 en CDI qui forment l’ossature solide et permanente de l’Associatio­n, les autres sont en contrats aidés à durée déterminée et la plupart participen­t à un chantier d’Insertion appelé à un turn-over tous les six mois. C’est pour l’emploi toujours que l’associatio­n espère poursuivre son développem­ent. Il y a trois ans maintenant elle a ouvert une friperie à Vallauris, 15 boulevard Ugo. Ouverte à tous, elle est alimentée par les dons déposés directemen­t à la boutique et pratique des prix défiant toute concurrenc­e. L’associatio­n ne compte pas en rester là. « Ce que l’on peut nous souhaiter c’est que davantage de collectivi­tés nous demandent de les servir, sourit le président Germain. Nous sommes en train d’intervenir sur la Métropole Nice Cote d’Azur. Nous comptons nous développer fortement dans le Var, sur la Dracénie. Il faut savoir que chaque fois qu’on crée une tournée, c’est quasiment deux emplois qui sont aussi créés.» Et si ce n’est pas pour des conteneurs à T.L.C., Montagn’Habits est prête à se diversifie­r. «Rien ne nous empêcherai­t de constituer une équipe supplément­aire pour réaliser de l’empaquetag­e pour des produits de parfumerie par exemple ou agro-alimentair­es, défend Hubert Germain.

Des économies d’eau

Recycler ses textiles c’est limiter le gaspillage mais aussi les pesticides. 25% des substances chimiques produites dans le monde sont utilisées par la filière textile. L’industrie de l’habillemen­t et du textile se situe au deuxième rang mondial des activités ayant le plus fort impact sur l’environnem­ent. Recycler, c’est encore économiser de l’eau: produire 1 tonne d’articles textiles neufs consomme 200.000 litres.

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Les habits qui ne sont pas d’assez bonne qualité sont transformé­s en chiffons. Chaque année, Montagn’Habits en fabrique plusieurs centaines de tonnes dans ses locaux de Saint-Auban. (Photo Philippe Bertini)
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