Nice-Matin (Cannes)

STATIONS-SERVICE ET HYPERMARCH­ÉS TOUCHÉS

- PROPOS RECUEILLIS PAR CH.P.

Des hypermarch­és et un nombre limité de stationsse­rvice étaient touchés hier. Total a, en effet, dénombré « environ  stations impactées [sur environ  ] àh » , a précisé un porte-parole du groupe. « Une petite dizaine ont rouvert dans l’après-midi après avoir fermé dans la matinée », a-t-il ajouté. Du côté d’Auchan, un certain nombre d’hypermarch­és étaient fermés : Pau et Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) dès le matin et d’autres qui ont fermé leurs portes au cours de la journée (Bar-le-Duc, Belfort, Châtellera­ult, Dieppe, Avignon Le Pontet, Montivilli­ers, Poitiers sud). A cela s’ajoutaient dans l’après-midi  hypermarch­és en « situation de blocus complet » et  dont les accès routiers étaient filtrés. Quarante stations ne délivraien­t plus de carburant. Parmi les supermarch­és de l’enseigne, trois étaient fermés, un se trouvait en blocus complet et quinze stations ne délivraien­t plus de carburant. « On a des magasins qui ont été empêchés de fonctionne­r normalemen­t » et notamment « pas mal en Bretagne », a de son côté indiqué un porte-parole de Système U. Il y aura « des conséquenc­es sur le chiffre d’affaires » et l’effet sera « négatif et important », même s’il y aura des reports d’achats vers des magasins de proximité, selon le porteparol­e de Système U. Interrogé par l’Agence France Presse, Carrefour a dit ne pas disposer d’informatio­ns chiffrées. Michel Wieviorka, sociologue, préside la Fondation Maison des sciences de l’homme. Il analyse la journée de mobilisati­on d’hier.

Avez-vous été surpris par la compositio­n sociologiq­ue des «gilets jaunes»?

Je distingue deux catégories. Une partie des manifestan­ts – pas forcément les plus démunis –, ont l’impression d’être ignorée par ceux qui les gouvernent. Ils sont directemen­t impactés par l’augmentati­on du coût des transport et sont plutôt pacifistes. Une autre partie est composée de Français plus jeunes. Ceux-là ont vraiment la rage. J’ai constaté une forte colère qui peut se radicalise­r et qui, j’espère, ne va pas l’emporter.

Il y a une réelle volonté dans ce mouvement d’être apolitique. Est-ce un leurre ?

Ce mouvement est une forme d’action novatrice fondée sur Internet, les réseaux sociaux…Une simple pétition sur Internet a été vue par des millions de personnes. Il est frappant de voir les difficulté­s du pouvoir à faire face. Il se retrouve dans une situation très inconforta­ble. La gauche, elle, a été incapable de réagir. Dans certains endroits, la droite dure a trouvé l’occasion d’entrer dans le jeu même si elle n’organise rien, elle n’est à l’origine de rien.

Il est clair que la hausse du prix des carburants n’est pas la seule cause de ce mouvement populaire.

Ceux qui étaient dans la rue ont un profond sentiment d’injustice. Ils contestent la manière dont les réformes sont pensées et appliquées par un gouverneme­nt technocrat­ique qui les accable d’impôts et de taxes. A l’instar des opposants au « mariage pour tous » et des Bonnets rouges bretons, c’est une fois de plus une France sur la défensive qui se mobilise. Ce n’est pas une lutte pour un avenir meilleur ou un monde plus radieux.

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