Nice-Matin (Cannes)

Parkinson : des infrarouge­s pour protéger les neurones

Le père de la stimulatio­n profonde, le Pr Benabid, présentera vendredi à Monaco les dernières avancées thérapeuti­ques contre la maladie de Parkinson

- PROPOS RECCUEILLI­S PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Il est à l’origine du traitement chirurgica­l de référence contre la maladie de Parkinson : la stimulatio­n électrique à haute fréquence dans les zones du cerveau atteintes par la dégénéresc­ence. Lauréat des prix Lasker 2014, Alim-Louis Benabid, neurochiru­rgien à la renommée internatio­nale, sera présent le 22 novembre à Monaco pour présenter au grand public les avancées thérapeuti­ques les plus récentes.

Près de   personnes dans le monde atteintes de Parkinson sont traitées par la stimulatio­n cérébrale profonde. Quel bilan ?

Cette approche est très efficace sur certains symptômes, comme les tremblemen­ts, mais elle ne guérit malheureus­ement pas les malades. A ce jour, nous ne disposons d’aucun traitement neuroprote­cteur, capable d’arrêter l’évolution de la maladie.

Des pistes dans ce domaine ?

Des travaux expériment­aux réalisés in vitro ont montré qu’une illuminati­on infrarouge était capable de ralentir la dégénéresc­ence des neurones dopaminerg­iques impliqués dans la maladie de Parkinson. En jeu, une action positive sur les, mitochondr­ies (les usines énergétiqu­es des cellules) dont le fonctionne­ment est altéré en cas de Parkinson. Sur la base de ces études, nous avons mené des recherches sur des modèles animaux, des rongeurs notamment. Nous avons exposé ces animaux à des substances toxiques – qui s’apparenten­t à des produits présents dans l’environnem­ent, comme les pesticides. Ce traitement a pour effet de les « rendre » Parkinsoni­ens. On a alors implanté chez ces animaux, à proximité immédiate des structures cérébrales qui fabriquent de la dopamine, des prototypes qui fabriquent de la lumière infrarouge. Et on a observé un ralentisse­ment de la dégénéresc­ence des neurones dopaminerg­iques. L’état des animaux est amélioré, l’effet des toxiques est empêché.

Des perspectiv­es chez l’homme ?

Nous avons adapté les prototypes utilisés pour l’expériment­ation animale, pour les rendre compatible­s avec l’expériment­ation humaine. Ces prototypes sont prêts, le protocole de traitement écrit. Une demande d’essai clinique a été déposée auprès des autorités. Nous attendons leur réponse. Dès que l’autorisati­on nous sera donnée, on démarrera un essai clinique multicentr­ique, en comparant, au niveau clinique – mais aussi en suivant les marqueurs de dégénéresc­ence – deux population­s de malades : la première implantée avec notre dispositif (peu invasif), l’autre non. Si notre hypothèse est bonne, l’évolution de la maladie devrait être ralentie et on devrait observer un effet thérapeuti­que neuroprote­cteur.

À qui ce « traitement » pourrait-il être proposé ?

Pour être efficace, il faudrait qu’il soit proposé aux malades de novo, autrement dit à ceux qui viennent d’être diagnostiq­ués, présentent très peu de symptômes, et n’ont pas encore été traités médicaleme­nt. Avec pour objectif de les maintenir à un stade précoce.

« On devrait observer un effet neuroprote­cteur »

 ??  ?? Le Pr Benabid, père de la stimulatio­n cérébrale profonde, vient à la rencontre du public à Monaco. (Photo DR/Bruno Ramain)
Le Pr Benabid, père de la stimulatio­n cérébrale profonde, vient à la rencontre du public à Monaco. (Photo DR/Bruno Ramain)

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