STOP OU ENCORE ?
À Grasse, la circulation a été très perturbée à Saint-Jacques, paralysé toute la journée par une cinquantaine de «gilets jaunes». Conséquence, une activité commerciale en berne
◗ Moins nombreux mais déterminés, les « gilets jaunes » ont poursuivi leurs actions hier dans les Alpes-Maritimes comme sur notre photo avec un barrage filtrant sur l’A à Cagnes. ◗ Le flou demeure quant à une éventuelle poursuite du mouvement. ◗ Hier soir, Edouard Philippe a indiqué qu’il ne changera pas de cap.
La mobilisation n’a pas faibli hier pour la deuxième journée d’action des «gilets jaunes» à Grasse. Comme samedi, c’est à Saint-Jacques que les blocages se sont concentrés toute la journée.Tous les ronds-points du quartier ont été aux mains des manifestants en jaune, très déterminés. Comme Azouz, 35 ans, présent dès 8h. «Aujourd’hui on ne va rien lâcher. On est prêt à monter à Paris. C’est la première fois que je manifeste. J’ai voté Macron, je regrette» indique cet agent de sécurité. C’est vers 9h30 que les pneus ont été déversés sur l’avenue de la Libération au niveau du rond-point d’accès à la route de Peymeinade. Le point de blocage est mis en place. Filtrage. Bientôt perturbé par la colère de Sébastien Rohard de la boucherie L’Excellence, juste en face. Il tente d’enlever les palettes de la chaussée. En vain. L’impact des «gilets jaunes» sur le commerce à Saint-Jacques est réel.
Tout droit sur le rond-point
« J’ai repris la boucherie il y a cinq mois, je suis endetté jusqu’au cou. J’ai perdu beaucoup ce week-end. Je fais comment?! C’est révoltant ! » Un peu plus tard, c’est le rond-point de la Halte qui est également bloqué par des plots sur ses quatre entrées. L’ambiance est moins tendue que samedi même si quelques incidents émaillent la journée. Comme cet automobiliste qui a sorti un extincteur de sa voiture, sans s’en servir. Ou cet autre qui, excédé, a forcé le barrage devant le stade Jean-Girard, en bousculant une adolescente. Ouf, sans gravité. Certains conducteurs, pour éviter l’embouteillage, ont tracé tout droit dans le gazon du rond-point de la Halte !
« Nouveau mai 68 »
Dans l’ensemble, les automobilistes, filtrés par dizaine toutes les dix minutes, ont pris leur mal en patience. Dans les vrombissements de moteur et autre slogans scandés «Macron démission !». Les polices nationale et municipale en veille. «On laisse le mouvement s’exprimer avec des limites : pas de blocage pour les véhicules d’intérêt général» a indiqué Anis Ouejhani, commissaire de police de Grasse. Après l’incident de l’automobiliste qui a foncé samedi matin sur un policier, Alliance Police Nationale 06 a tenu à souligner que «sans le professionnalisme de nos agents engagés, de très nombreuses situations auraient pu dégénérer en raison des diverses tensions entre automobilistes et “gilets jaunes”». En fin de journée, ceux-ci, -une bonne cinquantaine- affichaient encore une mobilisation sans faille. « On n’a pas fait tout ça pour que ça s’arrête. Vous savez, mon fils a deux boulots pour s’en sortir et on est obligé de l’aider» explique Cécile, 48 ans, commerciale, qui craint les effets pervers du prix du carburant: « Les entreprises vont devoir amortir ces surcoûts en augmentant leurs prix » . Lola, 24 ans, espère que le mouvement va continuer et prédit un «nouveau mai 68» car, «on n’est pas des vaches à lait...» Ce n’est qu’en début de soirée que les «gilets jaunes» ont décroché.