Nice-Matin (Cannes)

Fossey et Chakiris complices aux RCC

- PROPOS RECUEILLIS PAR CLÉMENT TIBERGHIEN ctiberghie­n@nicematin.fr

Plus de  séances en une semaine, une compétitio­n de huit longs et huit courts métrages, des soirées événement, des rencontres avec des profession­nels du cinéma, une exposition du réalisateu­r Gérard Krawczyk, des collégiens et lycéens en atelier, des séances jeune public, ou encore des master classes... Bienvenu aux e RCC! Dans le cadre de notre partenaria­t avec Cannes Radio, nous avons rencontré Brigitte Fossey, membre du jury, et George Chakiris, invité d’honneur.

Vous avez une belle histoire avec Nice-Matin à vos débuts

On lisait Nice-Matin à la maison de vacances, à Cannes, sous un magnolia. C’est grâce à Nice-Matin que j’ai rencontré le réalisateu­r René Clément. Il y avait une annonce

‘‘ dans le quotidien, il cherchait des enfants entre  et  ans. Ma tante, qui était obsédée par le cinéma, a dit à ma mère : « S’il la voit il va la prendre » . Ma mère lui a répondu : « Écoute je te parie qu’il ne la prend pas et après on n’en parle plus jamais ! » Elles ont parié  francs, sur mon dos ! [Rires] Quand j’ai rencontré René Clément, à l’ancien hôtel Ruhl de Nice, elles se sont dégonflées toutes les deux en disant : «Mais non c’était pour rire, c’était un pari.» René Clément a répondu : « Comment ? Vous m’amenez ça et c’est un pari ? Non, non, moi je veux la revoir ! » À ce moment-là, j’ai pris les choses en main, à  ans, et j’ai dit : « Vous avez voulu que je vienne ici, moi ça m’intéresse ! Je veux revoir ce monsieur parce qu’il me raconte des histoires très intéressan­tes». C’est comme ça que j’ai fait Jeux interdits !

Des souvenirs des premiers films que vous avez vus ?

Le cinéma a toujours été très important pour ma famille donc je n’y suis pas tombée par hasard. J’écoutais parfois les films dans par un trou de serrure quand je devais aller me coucher. C’est comme ça que j’ai vu mon premier film [rires]. Ma mère me faisait écouter des pièces de la Comédie française à la radio. Les premiers films que j’ai vus avec ma mère sont Les temps modernes de Charlie Chaplin et West Side Story. Bref, c’était une passion familiale.

Le Château des oliviers vous a permis d’obtenir le  d’Or à Venise, en . Un beau souvenir ?

Ça a été tourné dans le Lubéron, entre Gargas et Ansouis. Petite, je voulais être exploitant­e agricole. J’ai réalisé un rêve et je me suis accrochée aux vignes là-bas. J’ai un peu déprimé en rentrant à Paris. C’était pour la télévision, mais c’était un grand plaisir de cinéma.

La Boum, qu’est-ce-que ça a représenté pour vous ?

Une répétition ! J’étais mère d’une fille plus jeune que Sophie et j’étais déchirée entre le travail, et la vie personnell­e. J’avais donc une grande connaissan­ce du personnage. Quand Sophie me demande d’aller à la boum dans le film et que je refuse, ça m’est arrivé la semaine d’après avec ma fille ! On vous a revu dans Joséphine

ange gardien…

Je suis attentive aux gens qui m’appellent et aux bons scénarii avec de bons partenaire­s. J’attends qu’on vienne me chercher et je dis oui ou non. Je préfère un petit rôle dans un film que j’aime qu’un grand rôle dans un film que je n’aime pas.

Victor Hugo, toujours votre auteur préféré ?

C’est en récitant, à ans,« Oceano Nox» ,quejeme suis rendue compte que j’étais faite pour ça. Je le vivais, je me souviens quand je disais «donne donc quand même à boire au cheval, dit mon père », j’étais «mon père», je me suis dit que je devrais être actrice.

Une anecdote de carrière ?

Quand j’avais  ans, j’avais la photo de Paul Newman sur ma table de chevet. Ma mère me demandait pourquoi, je disais qu’un jour je tournerai avec lui. En , Robert Altman m’a demandé de passer chez lui. Il est venu me chercher à l’aéroport, et une fois dans la voiture, il m’a demandé si j’étais bien assise. J’ai dit « oui » et il m’a répondu que je jouerai le rôle de la femme de Paul Newman, avec lui, dans Quintet. Le rêve avait mis  ans à se réaliser. J’espérais tourner avec lui dans un film de Robert Altman mais je n’imaginais pas que ce serait possible et on a passé un moment absolument génial!

Vous êtes chevalier de la Légion d’Honneur, et détentrice de l’Ordre du Mérite, une reconnaiss­ance pour cette belle carrière ?

Je dois vous avouer que je dois encore me les faire remettre [rires]. Ça m’a énormément touchée bien sûr… Je suis attachée à la France et à la culture française. J’ai beaucoup travaillé à l’étranger et ça m’a permis de voir qu’en France, de nombreuses choses sont faites pour la culture.

Vos exigences par rapport à un film en tant que membre du jury ?

Je ne demande rien, je suis disponible, je regarde, j’écoute, si l’image rentre dans mon coeur et que je rentre dans l’image c’est bien, en fait c’est avant tout ça. Je retiens les émotions que je n’oublierais jamais de ma vie, on attend d’être poussé hors de soi vers le monde. Pour moi un grand film est un film qui me parle de la vie d’une façon qui est évidente mais à laquelle je n’avais pas pensé.

Un projet en cours ?

Une série en Suisse sur le monde bancaire qui s’appelle Quartier des banques. On va faire la suite à Genève cette année et il y a de quoi raconter [rires].

Une passion familiale ” On attend d’être poussé hors de soi”

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 ?? (Photo Clément Tiberghien) ?? Brigitte Fossey présentera Le grand Meaulnes, dans le cadre de sa carte blanche aux RCC.
(Photo Clément Tiberghien) Brigitte Fossey présentera Le grand Meaulnes, dans le cadre de sa carte blanche aux RCC.

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