Nice-Matin (Cannes)

Soeur lune et soeur étoile

Les jumelles franco-cubaines donnent à entendre leurs sonorités organiques avec leur groupe Ibeyi. A voir juste ce soir à Anthéa

- PROPOS RECUEILIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Envoûtant, organique, puissant. Avec leur nouvel opus Ash ,les jumelles franco-cubaines du tandem Ibeyi offrent une nouvelle facette de leur identité. Si les soeurs ont déjà séduit Beyoncé, Adèle, Prince, Iggy Pop, elles devraient ne faire qu’une bouchée de vos oreilles ! Profitez-en, elles s’apprêtent à dévorer la scène d’Anthéa ce soir. Avant cela, Lisa Kaindé évoque son amour de la musique et sa relation avec la création aux côtés de son double, Naomi Diaz.

Qu’est-ce qui a construit Ash ?

Pour être franche avec vous, c’est un album qui s’est construit en studio. Mais il s’est écrit sur la tournée. Il n’a pris une forme concrète que vers la fin au final. On est arrivées au studio avec trente chansons, vingt-cinq ont été enregistré­es et entre-temps on avait réécrit des choses. C’est un album qui est inscrit dans le temps. On a trouvé notre vision du monde.

Pourquoi n’écrivez-vous pas en Français ?

Je me le demande aussi. Quand j’ai commencé à écrire on avait  ans, je venais de découvrir Nina Simone, Ella Fitzgerald : ça a changé ma vie. J’ai tout de suite écrit en anglais. Mais on y travaille. On ne désespère pas, justement on a envie d’écrire en français. Mais on a envie que ça sonne Ibeyi. Et pour l’instant, c’est difficile. D’autant plus qu’on ne veut pas perdre l’identité sonore. D’ailleurs si on n’y parvient pas un jour, ce n’est pas grave nous aurons essayé.

Votre processus d’écriture ?

J’ai pleins de carnets, beaucoup de notes et de mélodies enregistré­es dans mon téléphone. Je crois au travail. À chaque fois que j’ai un piano devant moi je m’assois et je joue. Je fais vingt-cinq chansons qui sont mauvaises. Et ensuite on en choisit une que l’on sent comme justes. Et on travaille, encore.

Du labeur !

Eh oui : certaines chansons viennent d’un coup. D’autres prennent une semaine, un jour, voire même des années.

Avez-vous un mécanisme pour travailler à deux ?

Oui mais je pense qu’il va bientôt changer. Naomi a envie d’écrire plus et moi ça m’intéresse de produire plus. Mais il est vrai que dans notre duo je fais le squelette de la chanson, je compose, et Naomi met la chair et la peau.

Vous êtes en tournée, donc vous écrivez le nouvel album ?

Exactement. Il ne faut jamais s’arrêter. Pour le prochain on va prendre un peu plus de temps. Il n’y a rien de pire que de devoir écrire dans la contrainte et l’urgence. L’écriture est un muscle. Et vraiment, ça me fait du bien. Cela me permet de me protéger, de calmer beaucoup de sentiments aussi. C’est un besoin. Si Ibeyi s’arrêtait, je continuera­i à écrire.

C’est la scène qui nourrit aussi votre envie de création ?

On se rend compte de quel genre d’album on a envie d’écrire. Quand on voit le public on a envie d’essayer de nouvelles choses en se disant : j’ai envie qu’ils chantent ça, qu’ils bougent de cette manièrelà… Et bien sûr, cela rentre en jeu dans l’écriture.

Dans quel état êtes-vous avant de monter sur scène ?

Oh, je suis très très très traqueuse ! À chaque fois je me demande pourquoi je suis là. Mais Naomi c’est tout le contraire. Ça lui vient juste trois secondes avant de monter sur scène, c’est tout.

Vous dites toujours que vous êtes vraiment des caractères opposés : c’est le secret de votre équilibre ?

On forme un équilibre et d’ailleurs je pense que c’est pour ça qu’Ibeyi est créatif. On crée ensemble, on s’apprend beaucoup mutuelleme­nt. Oui, on s’enrichit. Des fois elle m’emporte dans des endroits où je ne serai jamais allée.

Au-delà de la musique, votre univers artistique s’étend à la mode, à la photograph­ie : ça vous habite depuis longtemps ?

C’est drôle que vous disiez ça… Pour Naomi, la mode c’est quelque chose qui lui plaît profondéme­nt depuis longtemps. Je pense qu’elle aimerait vraiment un jour créer une collection qui lui ressemble. Et de mon côté, c’est la photograph­ie. D’ailleurs je la prends beaucoup en photo. Je la trouve belle, j’aime la photograph­ier. Ça vient de notre mère.

Savoir + Ibeyi, ce soir à 20 heures au théâtre Anthéa, 260 avenue Jules-Grec à Antibes. Tarifs: 19 à 37 euros. Rens. 04.83.76.13.00.

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