Deux ans de prison et 23 kg de cannabis
Le 6 octobre dernier, en provenance d’Espagne, Fortunato un Italien de 45 ans et Dritan, un Albanais de 42 ans, circulent dans une Fiat Doblò immatriculée en France. Badges autour du cou, ils ont l’apparence de représentants de commerce en voyage professionnel. Ce qui ne trompera pas la vigilance des douaniers qui interceptent le véhicule sur l’A8 à Antibes. Sollicité, le chien de détection marque à plusieurs endroits du véhicule. Après un démontage sommaire, les agents découvrent dans les garnitures de l’auto 23 kg de résine de cannabis et 3 grammes cachés dans le… slip de l’Italien. La tournée a mal tourné et les deux complices sont placés en détention provisoire. Ils comparaissaient, lundi, devant le Tribunal correctionnel de Grasse présidé par Pierre Kuentz. Aidé par un interprète, Fortunato « n’a pas l’air d’un méchant bonhomme » comme le soulignera son avocat Me Monsaf Belhireche.
“Je suis criblé de dettes”
En effet avec son léger embonpoint , son pull jacquard et ses lunettes rivées sur le nez, il salue d’un geste discret et l’air inquiet son épouse présente dans la salle d’audience. C’est à elle qu’appartient le véhicule. Elle croyait son mari en prospection avec un employé nouvellement recruté. En fait, son commerce de café, chocolat et produits pour l’alimentation périclite. « J’ai emprunté plus
de 50 000 euros, je suis criblé de
dettes », avouera-t-il, tout en disculpant l’Albanais de toute implication dans le trafic. « Il n’y est pour rien, je suis le seul responsable »ce qui surprend le magistrat qui questionne Dritan : « Vous l’avez accompagné en Espagne et ce n’était pas la première fois semblet-il, et ce qui se passait là-bas, cela ne vous a pas paru bizarre ? » L’Albanais, un petit homme sec et rugueux répond par la négative. Il nie toute implication.
Un intermédiaire Marocain
Pourtant les deux hommes rejoignaient en Espagne, un Marocain qui parlait espagnol, près de la frontière. Ensuite ils dormaient à l’hôtel, le véhicule, lui, restait aux mains du dealer « qui nourrissait la mule ». Le lendemain ils repartaient en convoi, lui derrière avec le Marocain et l’infortuné Fortunato devant. Le surveillaient-ils ? « On ne saura jamais quelle était la teneur de leur relation, comme le précisera le procureur de la République, Marie Nina Valli. Questionné d’ailleurs par les gendarmes, il admettra « par peur, je ne préfère ne pas répondre ». Une fois la frontière franchie, l’Albanais regagnait le véhicule de son complice pour se rendre à un mystérieux rendez-vous prévu sur un parking à Menton. Ils n’y parviendront jamais. « La marchandise est estimée à 46 886 euros », indique le représentant des Douanes. Le ministère public rappelle qu’on a retrouvé sur Fortunato 5815 euros, somme proposée « suffisamment alléchante » et semble-t-il payée d’avance par son aimable correspondant en Espagne. Pas de casier judiciaire pour Ditran et une mention pour son complice.
Elle requiert deux ans de prison
Aux intérêts de Dritan, Me Sophie Rebaudengo précise : « Il croyait
que Fortunato le faisait travailler, d’ailleurs, ils sont revenus avec des jambons ! » Enfin, la trace de sang relevée sur un des emballages de la drogue
« est celle de Fortunato, il s’est blessé en refermant une garniture
trop apparente à ses yeux. » Quant à l’avocat de l’Italien, il plaide le désarroi d’un homme étouffé par les emprunts et tenté par un profit rapide. Le tribunal condamnera les deux hommes à deux ans de prison avec maintien en détention, à payer 46 886 euros à la partie civile, avec confiscation du véhicule et de la somme retrouvée en liquide.