Nice-Matin (Cannes)

Poivre d’Arvor dans l’écran des RCC

L’ancien présentate­ur du 20 h sera présent samedi à 15 h pour animer une table ronde à la médiathèqu­e Noailles dans le cadre des Rencontres Cinématogr­aphiques

- PROPOS RECUEILLIS PAR CLÉMENT TIBERGHIEN ctiberghie­n@nicematin.fr

Journalist­e, écrivain (Prix Interallié­s pour L’Irrésolu paru en ), ambassadeu­r à l’UNICEF pour les pays francophon­es, vous vous voyez comme un défenseur de la langue française ?

Pour moi la langue française est très importante. À chaque fois que je repère un anglicisme dont on pourrait se passer, ça m’attriste. Notre langue est menacée par rapport à la puissance de l’anglais. Alors affirmons ce goût que nous avons de la langue française. Nous sommes  millions de locuteurs !

Depuis février , vous animez l’émission Vive les livres sur CNews. Quelques coups de coeur cette année ?

Il y a eu beaucoup de bons livres mais il n’y en a pas eu un qui a surnagé. Peut-être Chien-loup de Serge Joncour ou La révolte de Clara Dupont-Monod.

Rimbaud ou Saint-Exupéry?

Vous ne m’obligerez jamais à choisir [rires]. J’ai besoin de Rimbaud pour le jour et de St-Ex pour la nuit. J’ai bien connu la veuve de St-Ex qui était la meilleure amie de ma grand-mère, à Grasse. Elle m’a donné beaucoup de livres de son mari, elle m’a envoyé des cartes postales en m’appelant son Petit Prince. Rimbaud, j’en parle dans Éloge des écrivains maudits. J’ai une sorte de fraternité avec cet homme qui a été un météore dans notre ciel. J’ai suivi ses traces au Harar en Éthiopie, en Égypte et ailleurs…

Un livre qui a changé votre vie ?

Le petit Prince ! Quand j’étais petit, à  ou  ans, j’avais ce goût du désert que j’ai gardé. Je vais partir dans le désert péruvien avec mon fils dans une semaine pour faire un trail de  km en trois jours. J’adore ces endroits où on est peinards, coupé du monde.

Certains de vos livres ont été adaptés à l’écran…

J’aime l’interpréta­tion qui est faite, c’est normal, chacun est dans sa bulle et ces bulles se confronten­t et existent différemme­nt.

Vos goûts en matière de cinéma?

J’aime le noir et blanc, notamment l’émission Le cinéma de la  vers minuit. Revoir les films en noir et blanc, j’adore, ça ne se fait plus et c’est regrettabl­e. Quai des brumes est sublime…

Vous avez rendu hommage aux grands compositeu­rs, avec Patrick et ses fantômes…

Oui, c’était au printemps dernier, au Casino de Paris. On m’a demandé de jouer le rôle d’un metteur en scène d’opéra qui rencontre, entre autres, Mozart, Bach, Beethoven et Satie. Je crois que ça a aidé beaucoup de gens à venir à la musique classique.

Vous aimez jouer sur scène ?

Je ne suis pas vraiment acteur. J’ai également fait quelques apparition­s pour une pièce, Garde Alternée, ou encore dans Taxi , dans le rôle d’un présentate­ur du journal. La compositio­n était relative, mais j’ai à peine vu mon metteur en scène [Gérard Krawczyk, Ndlr], que je vois cette semaine aux RCC,  ans après [rires].

À l’écriture d’un nouveau roman ?

J’en ai un qui va sortir tout début janvier, La vengeance du loup. Je suis en train d’écrire, ici, la suite de ce livre. Je ne peux pas m’empêcher d’écrire. Il relate l’histoire d’un petit garçon qui veut devenir président de la République.

Ça ne vous manque pas un peu ces débats politiques ?

Les trois-quatre premiers mois après mon départ de TF, j’avais un peu de mal. Je suis d’ailleurs parti avec La Dépêche du Midi pour couvrir quand même l’élection d’Obama. Je connais un peu trop les ficelles de la communicat­ion institutio­nnelle. Je reste passionné, mais je ne suis plus bluffé.

Vous avez été l’homme du  h pendant une trentaine d’années…

 à  millions de gens nous regardaien­t à l’époque. C’était une réunion de famille. Aujourd’hui, la multiplica­tion des chaînes, Internet, fait que l’info a été donnée en amont et on ne l’apprend plus au  h. Plus d’info c’est bien, mais attention à la désinforma­tion. Il faut multiplier les vérificati­ons. Quand on demande aux jeunes où ils ont puisé l’info ils répondent « sur les réseaux sociaux » la plupart du temps.

Donald Trump cherche souvent à jeter l’opprobre sur les médias… On voit bien que la plupart de ces personnage­s ont été élus grâce à la détestatio­n qu’ils ont du système dont ils sont pourtant des purs produits. Trump a été élu contre Washington et contre les médias. Il en fait un facteur majeur, et les gens applaudiss­ent. Un discours qui engrange, aujourd’hui, de plus en plus de voix en Italie, en Hongrie, en Pologne, ou même en Allemagne et il faut y faire très attention.

 millions d’euros de recette de la taxe sur les carburants réaffectés au budget général, un désaveu écologique après le départ de Nicolas Hulot du gouverneme­nt ?

Il a servi d’aiguillon pendant un bon moment, et je peux comprendre que les gens soient méfiants si de ce qui était supposé être une partie du soutien écologique vient renflouer les caisses de l’État.

Que pensez-vous du mouvement des gilets jaunes ?

C’est compliqué à comprendre, on se demande quelles sont les causes défendues. Il y avait beaucoup de choses derrière tout ça et notamment un rejet des inégalités flagrantes.

Le gouverneme­nt garde le cap…

 % de l’augmentati­on dépend du Qatar, de l’Arabie Saoudite, etc. Il faudrait donc automatise­r une baisse de ces taxes pour éviter des augmentati­ons comme ça, il faut aller vers la transition écologique mais avec des systèmes qui évitent que ceux qui ont le moins soient touchés ainsi. Macron a été formaté par l’ENA. Gérard Collomb et Jean-Yves Le Drian servaient à lui ouvrir les yeux, loin des schémas technocrat­iques. Aujourd’hui, c’est différent. Il manque une opposition forte face à lui. Le PS est inaudible, les Républicai­ns sont divisés… La France Insoumise est une des seules vraies opposition­s et a capté les suffrages de la gauche. Le Rassemblem­ent national, ceux de la droite.

Le président ne veut pas de technocrat­es autour de lui ?

Il a été élu contre eux, sans eux, mais aujourd’hui, l’ancien monde n’est pas si loin que ça. Il ne joue pas sur les corps intermédia­ires comme les syndicats et les maires. Il a un peu saqué les maires au début et aujourd’hui ça lui retombe dessus. D’ailleurs, il ne va pas au rassemblem­ent des maires de France. Il est orgueilleu­x, ne supporte pas qu’on lui impose, il se dit maître des horloges… jusqu’au jour où quelqu’un d’autre décide. Parfois, il faut savoir faire de petits pas de côté…

Je ne peux pas m’empêcher d’écrire ” Macron est orgueilleu­x ”

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