Est-ce une révolution ? Non Sire, c’est bien une révolte
Mais enfin, que veulent-ils? Que l’essence baisse? Que Macron démissionne? Que la pression fiscale redescende? Que les services publics se développent? Noël en novembre et Pâques au balcon? Difficile de résumer en deux mots ce mouvement iconoclaste, sinon par «terriblement français». Ils sont pétris de contradictions ; ils n’aiment ni les politiques, ni les syndicalistes, ni les journalistes ; ils sont désorganisés, imprévisibles, précarisés, débrouillards, énervés, trop peu payés, mal vus à l’étranger, en fait, un précipité d’identité nationale, un best of de toutes les études d’opinion, la conclusion logique d’un lent et long divorce entre le pays profond et ceux qui parlent en son nom. Sachant cela, il est bien trop tôt pour enterrer les « gilets jaunes ». C’est plus profond qu’il n’y parait. «Est-ce une révolution?» Non Sire, c’est seulement une révolte. Mais avant de s’exprimer, elle a maturé dans la tête de ces hommes et de ces femmes souvent brinquebalés par la vie et le Code du travail : on ne renfermera pas leur
colère dans « A deux jours de nouveaux
sa boîte aussi blocages pénalisants pour facilement. Même si certains l’activité commerciale, c’est ont autant pour notre économie déjà jeté l’éponge, effrayés que pour notre démocratie par la qu’il faut s’alarmer. » multiplication des incidents, il faut s’attendre à une nouvelle déferlante ce week-end, à Paris et en province. Plus de d’entre eux se disent intéressés sur les réseaux sociaux par la manifestation de samedi dans la capitale. À l’automne , déjà, la coordination des infirmières prenait ministres, partis et syndicats par surprise en attirant praticiennes surmenées et mal payées dans la rue. Le premier septennat Mitterrand avait déçu. La cohabitation droite/gauche était un échec. Elles défilaient sous le slogan «Ni bonnes, ni nonnes, ni connes». Les « gilets jaunes » sont les dignes héritiers de ces blouses blanches. La différence? Zéro banderole mais des centaines de murs Facebook en partage. Trente ans plus tard, le contexte politique a changé. Pourtant, la frustration des électeurs est toujours aussi forte. Voire décuplée. Dimanche dernier, au premier tour de la législative partielle dans l’Essonne organisée après la démission de Manuel Valls, l’abstention a atteint % ! Et leur vie ne s’est pas améliorée : depuis , € de revenu en moins par ménage, chaque année, selon
une étude l’OFCE publiée hier... A deux jours de nouveaux blocages pénalisants pour l’activité commerciale, c’est autant pour notre économie que pour notre démocratie qu’il faut s’alarmer. Dans les deux cas, c’est une question d’argent.