Macron face à la colère des maires hier à l’Elysée
À défaut de se rendre, hier, au 101e Congrès de l’Association des maires de France, Emmanuel Macron a préféré recevoir à dîner 2 024 maires à l’Élysée et les inviter à un « échange libre » de questions/réponses. Ces derniers ont, en effet, très mal pris que le chef de l’État ne vienne pas, contrairement à sa promesse de l’an passé, s’exprimer devant eux porte de Versailles. D’autant que ce sera le Premier ministre Edouard Philippe qui viendra, aujourd’hui, clore le congrès. Ce choix présidentiel, alors que la tension n’est pas retombée entre l’exécutif et les élus de terrain, a fait grincer les dents de certains d’entre eux comme André Laignel, maire PS d’Issoudun, qui a préféré boycotter l’événement : « Il s’agit d’un meeting, puisque le président de la République renonce à s’exprimer devant le congrès et souhaite le faire devant des maires sélectionnés. » Débutant son discours dans une salle noire de monde avec quarante-cinq minutes de retard, le chef de l’Etat a lancé : « Je vais rester avec vous aussi longtemps qu’il y aura du monde dans cette salle», s’estimant « très heureux d’être là ».
« Redonner de la souplesse »
Devant des maires qui, certains parmi eux, dénoncent le recul de la décentralisation, Emmanuel Macron s’est engagé à «redonner de la souplesse » notamment «en termes d’embauche hors du cadre de la fonction publique territoriale». Le président de la République s’est aussi dit favorable à ce qu’on puisse «confier aux associations d’élus la gestion de la fonction publique territoriale». « Je ne suis pas heureux quand je lis les sondages et les retours d’inquiétude qu’il peut y avoir », a ensuite déclaré Emmanuel Macron. « Comme vous, j’ai été élu par les Français et les Françaises … et je sens beaucoup d’attentes, c’est le symptôme d’un mal-être collectif. Mais il ne faut rien céder à un vent mauvais qui veut que la faute viendrait forcément de l’élu. » Avant un échange de questions réponses avec les maires, Emmanuel Macron a appelé à l’unité entre sa fonction et celles des édiles face à « ces défis ». « On a une responsabilité commune, c’est d’être ensemble […] sinon, on ouvre un formidable boulevard. Non pas aux populismes, je n’aime pas ce terme. Nous sommes de vrais populistes. Nous sommes avec le peuple tous les jours. Mais aux démagogues, ceux qui voudraient simplifier les choses, ceux qui aiment le fracas du quotidien, ils ne sont pas dans la même situation que nous. Ils n’ont pas la contrainte de l’action publique […] Etre responsable, c’est rendre des comptes. C’est dire la vérité, y compris quand elle ne fait pas plaisir », a-til conclu.