Nice-Matin (Cannes)

Colère et déterminat­ion chez les avocats

Les avocats du Barreau de Grasse ont témoigné leur colère et leur déterminat­ion contre le projet de loi qui pose les bases d’une justice qu’ils jugent « déshumanis­ée »

- MAXIME ROVELLO mrovello@nicematin.fr

L’atmosphère était bien calme hier au palais de justice. Pas d’audience, mais une forte mobilisati­on des avocats du barreau qui ont manifesté leur mécontente­ment face au projet de loi de la ministre de la justice. Ils étaient une soixantain­e à s’être réunis sur le parvis du tribunal de grande instance dans le cadre d’une journée « justice morte ». Un bras de fer entamé depuis bien des mois déjà. « Lorsque Madame la ministre est venue à notre rencontre à Grasse le 28 juin dernier, pour répondre à nos inquiétude­s sur le projet de loi de programmat­ion pour la justice. Elle s’est voulue rassurante sur la pérennité du tribunal de grande instance de Grasse comme juridictio­n de pleine compétence. Nous lui avions fait part de nos réserves et avions demandé de lever les ambiguïtés. Après un été de discussion avec les représenta­nts de la profession, le constat est sans appel. Les engagement­s ne sont pas tenus. En l’état, rien ne permet d’assurer que le tribunal de grande instance de Grasse restera un tribunal de “pleine compétence” contrairem­ent à ce qui est affirmé », a clamé le bâtonnier de l’Ordre Roland Rodriguez. Selon lui, le projet de loi de réforme judiciaire prévoit toujours la possibilit­é d’une concentrat­ion des contentieu­x au sein d’un seul tribunal départemen­tal.

Une ministre «cost-killer »

Le discours du bâtonnier fustige également la numérisati­on de certaines procédures comme les injonction­s à payer qui passeraien­t sous l’égide d’un centre de traitement national, « éloigné des justiciabl­es précaires. » « Ce projet de loi préfigure une justice déshumanis­ée, porté par une ministre qui se comporte comme une cost-killer d’une grande entreprise », souligne le bâtonnier de Grasse. D’autres avocats présents dénoncent une « politique du chiffre impulsée par un président banquier et un gouverneme­nt de comptables. » « Nous sommes très inquiets pour la suite, évoquent maître Jean-Yves Lepaul et maître Julie Dupy. L’État se désengage d’une tâche régalienne. La justice est en train de perdre cette notion d’humanité. Pour un litige du quotidien, les gens devront aller jusqu’à Toulon ou passer par une société privée. Ce que nous craignons, et que nous entendons déjà, c’est qu’ils vont vouloir se faire justice eux-mêmes. C’est une atteinte du droit humain. » Le bâtonnier a laissé entendre qu’il attendait le positionne­ment des élus locaux sur le sujet. Retrouvez, sur nicematin.com ,les déclaratio­ns du bâtonnier Roland Rodriguez sur cette mobilisati­on en vidéo.

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Une soixantain­e d’avocats se sont réunis sur le parvis du palais de justice pour protester contre le projet de loi de programmat­ion pour la justice (Photo M. R.)

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