Sacrée leçon de “re-création” musicale d’Alex Jaffray aux élèves de Carnot
« On aurait dû faire payer l’entrée!» ,plaisante en introduction Véronique Cardamome, la responsable des stages à Carnot. L’amphi est archicomble. Au point que contraindre certains élèves à s’asseoir à deux par strapontin. Qui pour susciter un tel engouement ? Surtout auprès d’une jeunesse que des langues mal pendues qualifient de « blasée H24 ! ». L’invité du jour, pour cette 3e master class des Rencontres cinématographiques de Cannes (RCC) dans ce même lycée – après celles de Brigitte Fossey et de Saïd Hamich – est bien connu des fidèles de Télématin, sur France 2.
« Morricone, le Graal ! »
C’est « Le » chroniqueur musical du programme depuis presque 20 ans. Tout en décontraction et pointes d’ironie, Alex Jaffray est capable de happer l’attention de la ménagère de moins de 50 ans, des pré-ados comme des seniors. Et, mieux que quiconque, vous donner autant l’envie d’acheter le dernier titre d’un groupe de heavy metal qu’un album remasterisé de Blue Note Records. Ah !!! Savoir raconter la musique sans se la raconter, tout un art qu’Alex Jaffray maîtrise à la perfection. Mais hier, aussi à l’aise face à un large auditoire en chair et en os que sur les plateaux de TV, c’est l’autre facette de l’homme de médias qui s’est dévoilée : celle du compositeur. Il a fondé il y a 10 ans une agence sonore au nom savamment raccord avec son image : « Start Rec ». Prérequis forcément drôle, intrinsèquement lié au cinéma. Avec 15 employés, il travaille un « son pointu ». Pour booster le message émotionnel de scènes de films comme la signature sonore de grandes marque (Hermes, Cartier, Orange, Longine, Citroën ou BMW). La preuve, hier en direct live avec la projection du final de L’Arnacoeur (de Pascal Chaumeil), film sur lequel son équipe a bossé. On voit alors Vanessa Paradis courant sur la Grande Corniche rejoindre l’amour de sa vie Romain Duris. Le fossé entre la version sans musique et celle retravaillée par Jaffray et son staff est abyssal ! Formidable illustration pour les BTS audiovisuel, les 1re et Terminale option musique de Carnot, ceux de Brsitol venus tout spécialement, comme le reste du public… Littéralement scotché. « Créer quelque chose à l’intérieur. Par le biais de la musique », c’est le métier de Jaffray, biberonné aux mélodies d’Ennio Morricone. «Pour moi, c’est le Graal absolu ! » Après avoir disserté sur les modes majeurs (joyeux) et mineurs (tristes) de la composition «qui juste avec un demi-ton d’écart suffisent à raconter une autre histoire ». Après avoir évoqué l’oeuvre d’Alexandre Desplat, pour sa musique dans Harry Potter, celle de l’Argentin Lalo Schifrin (Mission Impossible, pub Dim) ou encore le génie d’Hans Zimmer (Interstellar, Inception), il a quasiment fallu couper – à contrecoeur – le sifflet de cet animateur de master class hors pair. Intarissable !