Nice-Matin (Cannes)

La rue de la Fontette, ancien domaine des potiers

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Retrouvez chaque samedi notre rubrique «Résurgence­s».

Notre passionnan­te historienn­e et guide conférenci­ère, Corinne Julien-Bottoni vous emmène dans les souvenirs de notre patrimoine Grasso-Cannois. Un rendez-vous agrémenté de clichés anciens présentés en miroir avec une photo du site actuel.

Nommée Carreria Fontette Albarmorum sur le cadastre de , cette longue ruelle unit la rue Droite aux Quatre-Coins. Pentue, à l’image de celles des Moulinets et de l’Oratoire toutes proches, la venelle présente un déroulé de marches largement espacées.

Une fontaine adossée pour riverains et animaux

Le pontet sous lequel elle s’ouvre, à l’angle de la rue DominiqueC­onte, présente une architectu­re ancienne, plusieurs fois remaniée. On y remarque une travée soutenue par un cintre et une autre supportée par des arcs brisés. Les citadins nomment alors l’endroit le Pontis de Gerbes. Nombre d’artisans y fabriquent des jarres, des cruches et autres objets en terre cuite. À l’époque, l’eau n’arrive pas à tous les étages et les ménagères utilisent un grand nombre de récipients pour la conserver. Une fois remplis à la fontaine, les seaux sont hissés à bout de bras et au moyen d’une corde, jusqu’à la cuisine. Le précieux liquide est ensuite réparti dans divers contenants. Au début du siècle dernier, la fontaine sert encore d’abreuvoir aux ânes, chevaux et autres mulets qui, de la basse ville, rejoignent le marché des Aires. On comprend mieux la présence de ces commerces de poteries, de réceptacle­s en ferblanter­ie et autres vases en céramique, regroupés en haut de la rue et qui répondent à une demande constante. Ces échoppes resteront en place jusqu’au début du siècle dernier. L’eau courante entraînera la fermeture d’une grande partie d’entre elles.

Des ruelles changées en impasses.

Après la voûte, sur la droite, une impasse évoque le début d’une venelle qui rejoignait la rue de l’Oratoire et que l’on condamna, lorsque les religieux édifièrent leur église et les bâtiments conventuel­s attenants. Au Moyen-Âge, aucune impasse n’existe intra muros. Au cours des siècles suivants, le parcellair­e urbain suit l’évolution de la population. Pour gagner de l’espace à l’intérieur des remparts, trois solutions s’avèrent possibles : un pont qui enjambe la ruelle, une avancée sur arcades devant la façade de la maison existante et la surélévati­on des demeures. La rue de la Charité-Vieille qui rejoint la rue de la Fontette évoque l’existence d’un ancien hospice. L’établissem­ent accueille de  à  moult vieillards et orphelins qui seront transférés dans le nouvel hôpital du Cours à la fin du XVIIIe siècle. De longues marches ou pas d’ânes ont été spécialeme­nt aménagées pour faciliter l’ascension des équidés. Celles de la rue du Four de l’Oratoire qui rejoint la Fontette viennent d’être remaniées. Une autre impasse est devenue une courette privée. Au MoyenÂge, elle rallie la rue de l’Oratoire, à proximité de l’église éponyme. Jusqu’au milieu du siècle dernier, toute l’activité commercial­e se déroulait intra muros. Autrefois, très commerçant­e et fréquentée par un flux ininterrom­pu de chalands, la rue de Fontette semble aujourd’hui bien déserte. Là, plus qu’ailleurs a battu le coeur de Grasse, la ville vivant alors au rythme des ateliers d’artisans.

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Hier : la rue et les étals de ferblanter­ie et de céramique. Présent : aujourd’hui, une venelle que Jean-Claude Junin et Maître Boscq souhaitent faire revivre. (Photos C.J.B. et DR) Passé
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Présent
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