Nice-Matin (Cannes)

Place Masséna : le petit groupe devenu rassemblem­ent géant

- VÉRONIQUE MARS

Hier matin, place Masséna, à Nice, les « gilets jaunes » se comptaient. À 10 h, ils étaient une quarantain­e à s’être rassemblés. « Nous espérions un peu plus de monde », lâche, déçu, Jérôme, conducteur de bus niçois. L’appel à la mobilisati­on lancé sur les réseaux sociaux pour occuper la place Masséna afin de coller à la manif’ de Paris, n’a pas été entendu. Du moins dans la matinée.

«Toujours les mêmes qui payent »

Dans les rangs des manifestan­ts, on hésite sur la marche à suivre. Que faire, où aller pour dénoncer leur ras-le-bol fiscal ? Pour crier que des impôts et des taxes, ils en ont soupé. « Ce sont toujours les mêmes, les retraités et les Français moyens qui payent », râle Isabelle, 62 ans, agent hospitalie­r à Nice. L’an prochain, elle prendra sa retraite et s’inquiète de voir ses moyens fondre comme neige au soleil. « Alors que je devrais être heureuse, au seuil d’une nouvelle vie, j’ai l’impression d’aller à l’abattoir, comme un agneau. Sauf que le troupeau que nous formons se rebelle ! » Dans les rangs des « gilets jaunes » on se concerte. Plutôt que de battre le pavé, ils décident de se rendre devant le Théâtre de Verdure pour applaudir d’autres « gilets jaunes » en moto, en auto, qui roulent, drapeaux tricolores au vent, direction La Trinité pour un barrage filtrant devant le centre commercial Auchan (lire page suivante).

Voie Mathis : radars emballés...

Une fois le cortège passé, le groupe se concerte à nouveau. « Et nous, que fait-on ? » lance un manifestan­t. « Et si on allait neutralise­r le radar de la voie Mathis à l’entrée du tunnel Malraux...» Ni une, ni deux, l’idée est retenue. Encadré par la police municipale, le groupe se rend à pied, déterminé et dans la bonne humeur, pour mettre à exécution leur plan d’action. « Sans dégradatio­ns et pacifiquem­ent. Nous ne sommes pas là pour embêter les gens, martèle Jean, retraité niçois. Au contraire, nous leur rendons service en emballant de sacs poubelle les radars!» Celui du tunnel Mathis, l’autre plus loin, à hauteur de la bretelle de Magnan. À peine sur place, la voie rapide a été coupée à la circulatio­n par précaution, pour éviter tout accident. Résultat, les « gilets jaunes » ne se sont guère attardés. Trente minutes plus tard, ils se sont repliés vers l’hyper-centre dans l’attente d’autres « gilets jaunes » annoncés en renfort. De fait, ceux en opération à La Trinité, au stade Allianz Riviera ont convergé, à 14 h 30, vers la place Masséna. Si bien que le petit groupe motivé du matin s’est transformé en un rassemblem­ent géant et sans incidents de « gilets jaunes ». Hier matin, dans le groupe des « gilets jaunes » composé principale­ment de retraités, Maria,  ans détonne. Elle est chercheur au CNRS à Sophia Antipolis, touche « un salaire correct » et n’a « pas de problème de fin de mois ». Si elle est là, c’est par solidarité. «Ilest temps que les pouvoirs publics considèren­t les citoyens autrement que des porte-monnaie. C’est insupporta­ble. La société vivra mieux quand il n’y aura plus de pauvres. » Jean,  ans, retraité de l’automobile, a adhéré depuis le début à ce mouvement citoyen. « Je me fais du souci pour nos enfants, pour tout le monde. À cause d’une fiscalité qui augmente, d’une retraite qui ne suit pas et d’une vie de plus en plus difficile. À croire que les hommes politiques ne se rendent pas compte que l’on est matraqué par les impôts. Ça suffit ! Et même si l’on est plus que dix à manifester, je continuera­i pour que cela change. »

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(Photos V. M.) Hier matin, les « gilets jaunes » sont allés à pied sur la voie Mathis pour emballer les radars...
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