Nice-Matin (Cannes)

Les « gilets jaunes » ont ouvert les voies à Antibes

- TEXTE : JÉRÉMY TOMATIS PHOTOS : ÉRIC OTTINO ET J. T.

Le calme avant… le barbecue. On a bien cru à la tempête, hier soir, au rond-point de Provence, à Antibes, lorsque les forces de l’ordre, casqués, on fait face à une bande de « gilets jaunes » en colère et prête à en découdre. Finalement calmés par les esprits apaisés plus nombreux, les manifestan­ts sont finalement rentrés dans le rang d’une mobilisati­on marquée par la mise en gratuité des voies de l’A8. Pour conclure ce huitième épisode des « gilets jaunes » antibois, un barbecue improvisé a réchauffé l’ambiance d’une fraîche soirée d’automne.

Dès 9 heures, une demi-douzaine de camions de CRS est envoyée à l’entrée de péage d’Antibes. Les « gilets jaunes », eux, ne sont pas encore venus en très grand nombre. Mais les premiers arrivés sont formels : ils seront une cinquantai­ne, au minimum, avant 10 heures. Pour l’instant, c’est encore l’heure des préparatif­s. S’ils sont assez nombreux, ils tenteront alors d’obtenir pour les automobili­stes, la gratuité des péages en direction de Nice. Ils comptent avoir gain de cause par le seul dialogue mais n’excluent pas de forcer le passage s’il le faut.

Il n’est pas encore 10 heures quand les « gilets jaunes », alors déjà plus de cinquante, décident de marcher en direction de l’entrée de péage. Le commandant de gendarmeri­e fait usage de la pédagogie pour contenir les manifestan­ts. Ces derniers obtiennent gain de cause : l’ouverture d’une voie de péage par laquelle les automobili­stes pourront s’engouffrer sans débourser le moindre centime.

A 11 heures, les gendarmes ferment définitive­ment l’entrée de péage qui ne sera pas rouverte de la journée. Les « gilets jaunes » activent alors leur « plan B ». Et marchent sur la voie rapide en direction de l’entrée de l’A8 qui mène à Cannes. Sur le chemin, les premiers audacieux tentent de rejoindre la barrière de péage d’Antibes qui relie Cannes à Nice par les locaux d’Escota. Ils parviennen­t à entrer. Les gendarmes, à ce moment pris de vitesse, sont dans l’obligation de céder du terrain. Et acceptent de laisser ouvrir non pas une mais quatre voies menant à Nice. C’est la gratuité pour les automobili­stes.

Pendant que les uns bloquent la barrière de péage, les autres reviennent sur le rond-point de Provence en fin d’après-midi. Plus le temps passe, plus les esprits s’échauffent. Des manifestan­ts plus véhéments ont rejoint le mouvement et tentent de mettre le feu aux poudres. Ils sont régulièrem­ent stoppés dans leur élan par les « gilets jaunes » voulant une manifestat­ion pacifique. Ceux-là sont bien plus nombreux. Et si la tension est montée d’un cran lorsque les CRS ont avancé pour repousser les plus énervés, tout est finalement revenu à la normal vers 19 h 30. Les forces de l’ordre ont alors pu rouvrir la circulatio­n sur le rond-point.

Vers 20 heures, beaucoup de « gilets jaunes » avaient quitté les lieux de la manifestat­ion. Les derniers à faire acte de présence, parfois pancarte à la main ou demandant toujours aux automobili­stes de faire du bruit, restent sagement sur les bords de la route. D’autres, toujours dans un esprit qui colle bien au mouvement, s’équipent de grands sacs plastiques afin de ramasser un maximum de déchets laissés par d’autres. Les forces de l’ordre, petit à petit, quittent également les lieux, même si une présence policière reste indispensa­ble et que les gendarmes persistent à fermer l’entrée de l’A8 en direction de Nice. Quelques mètres plus loin, une poignée de manifestan­ts célèbrent une journée de lutte éprouvante mais réussie par un petit barbecue. Ils ont besoin de forces car leur combat n’est pas terminé.

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Les manifestan­ts ont obtenu la gratuité du péage pour des milliers d’automobili­stes, pendant plusieurs heures sur l’A.
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