Les commerces à la peine
Craintes de blocages, baisse du chiffre d’affaires, les commerces souffrent depuis une semaine. Gros plan sur Cap 3000 à Saint-Laurent-du-Var et Polygone Riviera à Cagnes-sur-Mer
Cap : «Il faut qu’ils nous laissent travailler»
« On a déjà eu moitié moins de fréquentation le samedi 17 novembre à cause des «gilets jaunes». Il faut qu’ils nous laissent travailler. C’est le Black Friday et on approche des fêtes de Noël où on fait nos plus gros chiffres. » Alors que des « gilets jaunes » se mettent à cibler des centres commerciaux, Roch-Charles Rosier, le directeur de Cap 3000, espère bien qu’ils ne viendront pas filtrer ou bloquer ses entrées à Saint-Laurentdu-Var. Hier, aucun gilet jaune n’a été signalé à Cap 3000. Mais ceux qui sont intervenus ce samedi à Auchan La Trinité annoncent une opération de blocage aujourd’hui du centre commercial de SaintLaurent-du-Var (lire en page 5). « Ce vendredi, ceux qui sont venus à Cap 3000 ont simplement tracté et discuté avec les passants. Ils m’ont dit qu’il n’y aurait pas de blocage du centre commercial, poursuit-il. Ils auraient tort de le faire. Gêner nos commerces, c’est aller à l’inverse de ce qu’ils défendent. Ce serait les mettre en difficulté, favoriser les sites de vente sur Internet qui ne paient pas de taxes, ni de locaux, ni de charges, et créer du chômage. S’ils font ça, les “gilets jaunes” vont se mettre les commerçants et la population à dos. Qu’ils s’en prennent plutôt au gouvernement, pas à leurs semblables ! » Et si les « gilets jaunes » viennent à Cap 3000 aujourd’hui ? « Je ferai ce qu’il faut. Concernant la voie publique, c’est du ressort de la police », répond-il simplement. Ce samedi, Roch-Charles RochCharles Rosier a eu des échanges téléphoniques avec ses confrères et concurrents d’Auchan à La Trinité ou Polygone Riviera à Cagnes.
Polygone Riviera : « % de couverts en moins»
À Polygone Riviera, aucun « gilet jaune » n’était en vue non plus hier, mais en revanche, le directeur, Guillaume Creuse, n’a pas souhaité s’exprimer. Nous sommes passés ce samedi à Polygone, où nous avons interrogé quelques commerçants et des passants. Un restaurateur du centre commercial s’exclame : « Il ne faut pas que les “gilets jaunes” viennent me chatouiller. Samedi 17 novembre à midi, lors de leur première mobilisation nationale, il n’y en a pas eu à Polygone, mais nous avons quand même eu 40 % de clients de moins que d’habitude. Ce midi, il n’y avait toujours pas de « gilets jaunes » à Polygone, mais nous avons eu 25 % de couverts en moins ». Dans la partie haute de Polygone, Elodie Hirschi, gérante de la boutique de bijouterie Gioia, évoque les mêmes chiffres. « Je suis avec les « gilets jaunes », dit-elle néanmoins. Les mesures de Macron sont tellement violentes pour l’économie. Atteindre les retraités, c’est aussi atteindre notre clientèle. Ça a des répercussions économiques immédiates pour nous, en plus du reste, par exemple la hausse du gazole. L’Europe, c’est bien, mais pas n’importe laquelle. Dans la loi de finances, ils vont par exemple supprimer le caractère obligatoire du poinçon de fabricant et d’importation des métaux précieux, ce qui va faciliter la concurrence déloyale au détriment des bijoutiers, et favoriser la délocalisation. C’est bien qu’il y ait un mouvement populaire pour dénoncer tout ça. «La semaine dernière, les “gilets jaunes” ont bloqué l’avenue des Alpes. Mais il ne faudrait pas qu’ils nous bloquent tout le mois de décembre, avant les fêtes. Ce n’est pas nous qu’il faut bloquer, mais plutôt les administrations. Rendre les péages gratuits, ça c’est bien. Mais le blocage de Polygone, je n’y crois pas », conclut-elle.