« Gilets jaunes » : quelles réponses ?
Quelle réponse donner aux revendications multiples, contradictoires, irrationnelles parfois, des « gilets jaunes » ? On l’a vu samedi lorsque certains d’entre eux, depuis les Champs-Elysées, envisageaient dans un climat de violence spectaculaire, inacceptable, une marche vers l’Elysée, les mêmes qui exigent d’être reçus directement, sans intermédiaire, par Emmanuel Macron, sont les premiers à demander sa démission. Les « gilets jaunes » sont certes minoritaires dans le pays, mais ils crient si fort que, pour ne pas les entendre, il faudrait être sourd. Il ne suffira pas d’attendre le pourrissement du conflit : apparemment, le mouvement ne s’éteindra pas tout seul. Il ne suffira pas non plus de faire de la pédagogie pour que, face à la perspective de la fin du monde, les Français renoncent à penser à leurs fins de mois. Les « gilets jaunes » ne mettront jamais des gilets verts pour la simple raison que l’écologie est loin, ici et maintenant, d’être leur préoccupation dominante. Ils n’acceptent pas de sacrifice aujourd’hui pour éviter un certain, mais lointain, réchauffement climatique. Ils n’acceptent surtout pas d’être les plus pénalisés par les hausses des carburants: ce sont eux, précisément, qui dans une France rurale ou pluri urbaine, enclavés ou loin de tous, sont, qu’on le veuille ou non, les premiers touchés. Voilà pourquoi il ne suffira sans doute pas au président de la République, face à ce mouvement inédit, de parler demain de programmation pluri-annuelle de l’énergie ou d’installer un haut conseil d’experts sur le climat pour que la mobilisation retombe comme un soufflé. Si aucun « virage » n’est envisagé comme on le fait savoir à l’Elysée, donc aucun moratoire sur la nouvelle augmentation prévue pour l’année prochaine, il faudra alors distribuer beaucoup d’argent pour un accompagnement efficace de ceux qui paralysent les carrefours : plan pour l’économie sociale et solidaire, plan transport, primes pour l’achat de nouvelles voitures ou de chauffages moins polluant, quoi d’autre ? A condition, car ce serait tout de même une formidable absurdité, que cela ne coûte pas plus cher à l’Etat que ne lui rapportent les nouvelles taxes.