La bonne posture
Les lombalgies et autres maux de dos représentent près de 20 % des arrêts de travail. Un fléau qui paralyse autant l’entreprise que les individus qui en souffrent
Mauvaises postures, gestes inadaptés ou répétitifs, position figée durant de longues heures… Autant de causes qui peuvent provoquer des douleurs lombaires chez les salariés. Le mal de dos, souvent qualifié de « mal du siècle », touche désormais près d’un français sur dix, au point de représenter la première cause d’arrêts de travail longue durée. Selon le dernier bilan du Conseil d’orientation sur les conditions de travail, en 2016, les troubles musculo-squelettiques* (TMS) des membres et les lombalgies représentaient en effet 87 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général de la sécurité sociale.
Les conditions de travail en cause
Si des facteurs individuels comme la pratique d’un sport ou d’un hobby comme le bricolage ou le jardinage peuvent favoriser le développement de ces maladies, les TMS présentent une origine commune : des dysfonctionnements au sein de l’environnement de travail. Parmi les principales causes, on retrouve des contraintes biomécaniques (mouvements en force, postures extrêmes, répétitivité des gestes, utilisation d’outils vibrants…) mais aussi des contraintes psychosociales et organisationnelles: niveau de stress élevé, absence ou insuffisance de temps de récupération, forte exigence psychologique, faible soutien social au travail… Autant de facteurs qui peuvent provoquer des TMS au sein des équipes et donc générer des arrêts de travail qui pèsent sur les comptes de la sécurité sociale et des entreprises. Selon la Caisse nationale de l’Assurance-maladie, les TMS seraient responsables chaque année d’environ 10 millions de journées de travail perdues et un milliard d’euros de frais couverts par les cotisations des entreprises. Dans le détail : 580 millions couvrent les indemnisations des séquelles, près de 300 millions concernent les indemnités journalières et environ 120 millions, la prise en charge des soins.
Prévenir les risques
La plupart de ces TMS étant liés à de mauvaises postures ou à des gestes inadaptés et aggravés par le stress, l’entreprise a tout intérêt à agir sur l’ensemble de ces facteurs afin de réduire les risques. Établir une politique durable d’évaluation et de prévention des risques apparaît donc comme une nécessité. Par exemple, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) recommande d’intégrer la prévention des TMS dès la conception des outils de travail afin de réduire au maximum la gêne, la fatigue et les contraintes physiques et psychiques des opérateurs. De même, l’institut préconise d’élargir les compétences des travailleurs et de leur donner la possibilité de changer de poste plus régulièrement, et donc d’être moins exposés à une forte répétitivité des gestes. Enfin, la plateforme TMS Pros, lancée par l’Assurance-maladie début 2014 regroupe un ensemble de conseils et d’actions spécifiques aux entreprises soucieuses de réduire les risques de TMS. *Les troubles musculo-squelettiques désignent un ensemble de pathologies affectant les tissus mous présents au voisinage des articulations des membres et du dos. Ces TMS peuvent causer des douleurs chroniques et provoquer un handicap partiel ou total.