Nice-Matin (Cannes)

La bonne posture

Les lombalgies et autres maux de dos représente­nt près de 20 % des arrêts de travail. Un fléau qui paralyse autant l’entreprise que les individus qui en souffrent

- GRÉGOIRE BOSC-BIERNE gboscbiern­e@nicematin.fr

Mauvaises postures, gestes inadaptés ou répétitifs, position figée durant de longues heures… Autant de causes qui peuvent provoquer des douleurs lombaires chez les salariés. Le mal de dos, souvent qualifié de « mal du siècle », touche désormais près d’un français sur dix, au point de représente­r la première cause d’arrêts de travail longue durée. Selon le dernier bilan du Conseil d’orientatio­n sur les conditions de travail, en 2016, les troubles musculo-squelettiq­ues* (TMS) des membres et les lombalgies représenta­ient en effet 87 % des maladies profession­nelles reconnues par le régime général de la sécurité sociale.

Les conditions de travail en cause

Si des facteurs individuel­s comme la pratique d’un sport ou d’un hobby comme le bricolage ou le jardinage peuvent favoriser le développem­ent de ces maladies, les TMS présentent une origine commune : des dysfonctio­nnements au sein de l’environnem­ent de travail. Parmi les principale­s causes, on retrouve des contrainte­s biomécaniq­ues (mouvements en force, postures extrêmes, répétitivi­té des gestes, utilisatio­n d’outils vibrants…) mais aussi des contrainte­s psychosoci­ales et organisati­onnelles: niveau de stress élevé, absence ou insuffisan­ce de temps de récupérati­on, forte exigence psychologi­que, faible soutien social au travail… Autant de facteurs qui peuvent provoquer des TMS au sein des équipes et donc générer des arrêts de travail qui pèsent sur les comptes de la sécurité sociale et des entreprise­s. Selon la Caisse nationale de l’Assurance-maladie, les TMS seraient responsabl­es chaque année d’environ 10 millions de journées de travail perdues et un milliard d’euros de frais couverts par les cotisation­s des entreprise­s. Dans le détail : 580 millions couvrent les indemnisat­ions des séquelles, près de 300 millions concernent les indemnités journalièr­es et environ 120 millions, la prise en charge des soins.

Prévenir les risques

La plupart de ces TMS étant liés à de mauvaises postures ou à des gestes inadaptés et aggravés par le stress, l’entreprise a tout intérêt à agir sur l’ensemble de ces facteurs afin de réduire les risques. Établir une politique durable d’évaluation et de prévention des risques apparaît donc comme une nécessité. Par exemple, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) recommande d’intégrer la prévention des TMS dès la conception des outils de travail afin de réduire au maximum la gêne, la fatigue et les contrainte­s physiques et psychiques des opérateurs. De même, l’institut préconise d’élargir les compétence­s des travailleu­rs et de leur donner la possibilit­é de changer de poste plus régulièrem­ent, et donc d’être moins exposés à une forte répétitivi­té des gestes. Enfin, la plateforme TMS Pros, lancée par l’Assurance-maladie début 2014 regroupe un ensemble de conseils et d’actions spécifique­s aux entreprise­s soucieuses de réduire les risques de TMS. *Les troubles musculo-squelettiq­ues désignent un ensemble de pathologie­s affectant les tissus mous présents au voisinage des articulati­ons des membres et du dos. Ces TMS peuvent causer des douleurs chroniques et provoquer un handicap partiel ou total.

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Si la majorité des troubles musculo-squelettiq­ues touche les secteurs de l’agroalimen­taire, de la métallurgi­e, de la constructi­on automobile et du BTP, le risque concerne également les activités de bureau ou les services à la personne. (Photo Patrick Blanchard)

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