Nice-Matin (Cannes)

Clouée au sol et déviée de sa trajectoir­e

- M. D. mdasque@nicematin.fr

Un bouton à presser. Et des vies supprimées. Mais dans quel camp vient-on de passer ? Avec Clouée au sol, Pauline Bayle incarne une réflexion profonde sur les combats. Qu’ils se déroulent sur des zones de guerres ou au fin fond de son être. Un monologue à voir ce soir à Anthéa.

Vous interpréte­z une femme pilote de chasse dans l’armée américaine : qui est-elle ?

Elle s’est construite à force de déterminat­ion et de passion pour le ciel. Elle aime voler et a réussi à s’imposer dans ce milieu masculin. C’est après avoir donné naissance à son enfant, quand elle revient à l’armée, que son quotidien change : elle doit piloter des drones armés. Elle se retrouve à tuer des gens à distance. Ca va chambouler son équilibre. Désormais elle a une vision très précise des dégâts qu’elle fait. Cette acuité va la mettre en pièces...

Sa prise de conscience...

Très progressiv­e, par étapes. En s’approprian­t cet outil, une sorte de porosité entre sa vie privée et profession­nelle va apparaître. Avec cette complexité de mesurer la portée de ses actes dans le monde concret.

Elle ne va pas en sortir indemne !

Non, c’est une sorte de parcours initiatiqu­e. Où elle va apprendre que la frontière entre le bien et le mal n’est pas forcément aussi nette qu’elle le pensait. Où est la loyauté ? Elle se pose des questions. Puisqu’elle ne se bat pas face à ses ennemis et qu’elle ne risque pas sa vie... N’est-ce pas elle qui devient terroriste ? D’ailleurs ce mot n’est jamais utilisé.

Comment appréhende-t-on un tel rôle ?

On a tous lu un bouquin sur les drones armés. Puis, en travaillan­t. En étant patient. Il y a un parcours mental. Toute seule pendant une heure vingt sur scène : il faut avoir une confiance totale dans le texte. C’est une écriture concrète, précise. Il y a beaucoup à manger pour une actrice.

Comment le metteur en scène Gilles David vous a-t-il dirigée sur ce chemin ?

Avec une précision draconienn­e sur l’écriture. Il m’a demandé de ne pas chercher ailleurs que dans les mots. M’a incitée à m’en emparer. À respecter la progressio­n millimétré­e du texte pour que le spectateur et moi soyons au même rythme.

Pas si seule que ça alors

C’est vrai, ce que l’on voit c’est l’oeuvre d’une équipe. Et nous avons eu la chance de travailler avec la traductric­e du texte également, Dominique Hollier. Elle a réussi à infuser la même musicalité, la même pulsation que dans le texte original. Et l’auteur aussi est venu nous voir...

Qu’en a-t-il pensé ?

Il était content. La star de la pièce, c’est vraiment le texte.

Savoir +

Clouée au sol, ce soir à 21 heures, demain à 20 h 30 et vendredi à 21 heures, au théâtre Anthéa, 260 avenue Jules-Grec à Antibes. Tarifs : 17 à 24 euros. Rens. 04.83.76.13.00.

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