Nice-Matin (Cannes)

Fin annoncée des Bouchons d’Amour

- C.J.B. ISABELLE VARITTO

La fontaine des Dominicain­s Les fontaines sont encore nombreuses, disséminée­s au coeur du centre historique. Il en existe plus de soixante-dix. Édifiées au XIXe s. par la municipali­té, elles furent longtemps utilisées par les riverains. L’eau courante ne parvient à tous les étages qu’au début des années . Un ou deux points d’eau existent dans chaque rue de la ville, en fonction du nombre d’habitants. Chaque monument présente une architectu­re particuliè­re. La plupart du temps adossées en raison de l’étroitesse des ruelles et de la densificat­ion du parcellair­e urbain, ces fontaines offrent des symboles artistique­s récurrents. Celle sise à la croisée des rues Ossola, Amiral de Grasse et Marcel Journet est décorée par deux pilastres, une corniche et une coquille Saint-Jacques, sur le fronton. La vasque en pierre de taille reçoit l’eau qui s’écoule par de becs. Pour l’anecdote, ce point d’eau fut à l’origine, d’une manifestat­ion générale de protestati­on, lorsque la municipali­té, dans les années , envisagea de la supprimer. Le 19e chargement opéré par l’associatio­n Bouchons d’Amour, à son dépôt situé à proximité du cimetière des Roumiguièr­es, a été effectué avec l’aide des services techniques de la ville de Pégomas. Direction l’usine de recyclage en Belgique, qui les transforme­ra en palettes industriel­les. Ce sera l’avant dernier... Le responsabl­e de l’antenne Ouest du départemen­t depuis 2005, Philippe Piat, a décidé de jeter l’éponge. L’antenne va fermer. « Il y a un souci avec le tri des bouchons », s’explique-t-il. « La qualité des bouchons a changé, nous obligeant à effectuer un tri manuel énorme. Pour ce chargement nous avons passé 850 heures à trois pour 8 tonnes. Un mois de labeur harassant et insupporta­ble. On ne fait que ça ! »

Manque de reconnaiss­ance

Le chargement rapportera 4 140 euros qui seront, en totalité, utilisés à l’achat de matériel pour les personnes handicapée­s, l’objet de l’associatio­n. Là encore, Philippe Piat dénonce d’autres problèmes : « On manque de volontaire­s pour aider à la collecte et au tri. Nous ne sommes que cinq dont seulement deux à temps plein. En plus des “mauvais bouchons” à trier, on récupère des mélanges de piles, d’ampoules, auprès des sites de collecte. C’est ingérable. » L’an dernier, il a parcouru 7 500 kilomètres pour ses collectes. Il s’use. Et, la goutte d’eau, la frustratio­n de trop, est peut-être le manque de reconnaiss­ance qu’il ressent : « On donne de l’argent aux associatio­ns et elles sont rarement reconnaiss­antes. Récemment on a remis 3 000 euros pour l’achat d’un fauteuil, et on n’a pas reçu un mot de remercieme­nt. » Trop, c’est décidément trop...

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Le chargement des bouchons à proximité du cimetière des Roumiguièr­es devrait être l’un des derniers, en écho aux frustratio­ns qui gagnent les rangs. (Photo I. V.)
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