Paroles de députés marcheurs : « C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses »
Pas facile d’être député marcheur par les temps qui courent. Les trois parlementaires LREM des Alpes-Maritimes ne baissent cependant pas les bras. Ils continuent à défendre la politique du gouvernement, qu’ils jugent mal valorisée par les médias, tout en laissant percer quelques bémols ou contrariétés, notamment sur des erreurs stratégiques ou la faible structuration de La République en marche hors de Paris.
■ Alexandra Valetta-Ardisson : « Des avancées peu évoquées »
« Je comprends la colère des Français acculés depuis des années, que je n’amalgame pas aux casseurs au comportement inadmissible. A quelque chose cette crise est bonne… C’est ce qui m’avait plu dans la grande marche d’Emmanuel Macron: rencontrer les Français, les écouter et construire un programme qui réponde à leurs attentes. Là, on est en plein dedans ! Je regrette simplement que certains médias qui ont besoin de sensationnel soient toujours dans le négatif, alors que beaucoup d’avancées en faveur du pouvoir d’achat ne sont pas évoquées. Bien sûr, il y a eu la baisse de 5 euros des APL, la hausse de la CSG qui a impacté les retraités, mais nous avons aussi supprimé des cotisations salariales, lancé le reste à charge zéro pour les lunettes ou la mutuelle à un euro par jour pour les plus modestes. Ceci étant, le coût de l’essence n’est pas anecdotique. C’est bien de voir sur les territoires ce qui peut être fait, même si on ne peut pas vouloir l’écologie et ne rien changer. Il y a des mesures à prendre qui sont parfois impopulaires et dont certains tirent prétexte pour mettre le b… Il faut un minimum d’honnêteté intellectuelle. Nous pourrions être populistes pour être réélus. Nous prenons des coups, mais c’est dans l’intérêt des Français, qui nous jugeront à la fin du mandat. »
■ Loïc Dombreval : « Le péché originel de l’ISF »
« Les ruptures sont souvent liées à un défaut de dialogue. Le renouer est une bonne chose, indispensable même. La concertation est nécessaire. Mais il va falloir être attentif à la façon de procéder. Car la réalité est que nous manquons de relais et de militants. Nous avons encore à mettre en place un mouvement politique organisé. Notamment pour mieux relayer le message présidentiel sur le terrain. Les mesures pour le pouvoir d’achat n’ont pas été assez expliquées. Il y aura ainsi encore six milliards de baisse des impôts pour les ménages l’an prochain et, à la fin du quinquennat, les smicards auront gagné l’équivalent d’un treizième mois… La taxe flottante sur le carburant est une mesure positive, même si elle sera difficile à appliquer. En revanche, le HautConseil au climat n’est pas une réponse aux gilets jaunes. Nous avons du mal à expliquer des choses factuelles car on est sur de l’épidermique, le péché originel étant la suppression de l’ISF (qui a mué en IFI, impôt sur la fortune immobilière, ndlr). Le but était de faire revenir les investisseurs en France: il faudrait évaluer de manière précise si cet objectif a été atteint. De toute façon, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. »
■ Cédric Roussel : « Mieux communiquer et apaiser les colères »
« Il y a du travail de concertation et de pédagogie à mener, ce n’est pas nouveau. Cette colère sourde, nous ne l’avons pas découverte il y a trois semaines. Le pays fait face à des problèmes fondamentaux de logement et de mobilité, c’est incontestable. Il reste beaucoup à faire pour ne plus être dépendant de la voiture et développer les mobilités. Je suis en tout cas satisfait de l’ouverture à une très large concertation décidée par Emmanuel Macron, dont je serai bien sûr un relais actif sur mon territoire. Dans le cadre de la loi mobilité, nous avons une réflexion territoriale à peaufiner, c’est le bon moment. Il nous faut à la fois mieux communiquer sur ce que nous faisons et apaiser des colères qui ont besoin d’être entendues. »