Le Département diminue sa fiscalité sur le foncier bâti
Le taux de cette taxe baissera de 5 % en 2019, en vertu du budget voté hier par la majorité dans son ensemble, élus ciottistes et estrosistes réunis. La gauche a regretté un cadeau aux plus aisés
Le taux de la taxe sur le foncier bâti baissera de 5 % en 2019 pour les Maralpins, « soit une restitution de 15 millions d’euros à l’économie azuréenne ». Déjà annoncée, cette ristourne fiscale a été validée hier, en même temps que le budget du Département pour l’an prochain. Un budget « de solidarité fiscale, territoriale et humaine », selon les mots du président Ginésy, voté dans un climat de consensus en bonne partie retrouvé entre élus ciottistes et estrosistes. Il sera frappé au coin de la poursuite du désendettement, assorti d’une politique d’investissement maintenue à hauteur de 220 M€. Le conseil départemental augmentera notamment son budget dédié aux routes de 25 %, de 32 à 40 millions d’euros. Deux millions seront affectés à des parkings de covoiturage, un million à étendre le réseau de pistes cyclables. Des études vont, par ailleurs, être lancées pour la réalisation de deux nouveaux collèges, aux Campelières à Mougins et au coeur de la plaine du Var à Nice.
Démarches en ligne
532 millions d’euros sont, d’autre part, prévus pour l’action sociale, dont 20 M€ sur trois ans pour la continuation du plan de rénovation de plusieurs EHPAD. 2019, dans le cadre du Smart Deal, verra en outre le lancement d’un logiciel de dialogue avec les usagers, qui pourront également effectuer, dès le 1er trimestre, de nouvelles démarches dématérialisées en ligne. Ce budget a été voté à l’unanimité de la majorité de droite. Seules lui ont fait défaut les quatre voix de l’opposition de gauche. Avec des mots différents mais sur la même sensibilité, Marie-Louise Gourdon (PS) et Francis Tujague (PCF) ont regretté « une baisse de la taxe foncière qui va surtout profiter à des propriétaires aisés ou de résidences secondaires. Une décision inégalitaire, car la baisse d’impôt ne bénéficiera qu’aux plus riches ». Il aurait été plus judicieux, à leurs yeux, d’utiliser les 15 millions remisés aux contribuables pour aider les plus démunis et étoffer la politique en faveur des seniors. « Le nombre des personnes âgées dépendantes va quadrupler d’ici 2050. Le Département, pour assurer sa pérennité, doit d’abord accentuer sa vocation sociale », a posé l’élue socialiste. Tandis que Francis Tujague a déploré « une erreur majeure qui fragilisera encore plus la collectivité, en la privant de moyens nécessaires. L’impôt est le levier de la solidarité sociale ». Charles-Ange Ginésy a, en revanche, obtenu le satisfecit de Lauriano Azinheirinha, porte-parole des élus estrosistes (et par ailleurs directeur général des services de la Métropole NCA, ndlr).
Bons points et humour
Ce dernier a estimé que le président avait saisi « la main que lui avait tendue la Métropole » ,en réglant quelques points de litige financier qui subsistaient avec celle-ci. Il a aussi indiqué que son groupe adhérait aux priorités du Département. Il a ainsi approuvé que « soit amorcée enfin une baisse d’impôt, même si celle-ci est pour nous insuffisante. D’autres collectivités ont souhaité aller plus loin dans cette baisse… La ville de Nice, par exemple, a décidé de réduire de quatre points, soit un peu plus de 18 % de réduction, sa taxe foncière bâtie en 2019 et 2020 (à raison de deux points chaque année, ndlr) ». Et de « demander solennellement au Département de s’engager à poursuivre sa baisse fiscale sur l’exercice 2020 ». L’intervention a rendu hilare Eric Ciotti, qui a suggéré de proposer son auteur pour « le Prix de l’humour politique ». L’ancien patron du Département, aujourd’hui en charge de la commission des finances, a lui salué « une inversion historique de la fiscalité » ,la présentant comme «lefruitdela politique vertueuse menée depuis 2009, en maniant l’argent public avec prudence», un petit tacle glissé au passage sur l’endettement et la moindre parcimonie de la ville de Nice en la matière…