Nice-Matin (Cannes)

‘‘L’envie est revenue’’

- RECUEILLIS PAR PHILIPPE CAMPS

Jérôme Ardissone est de retour. Après avoir mis sa carrière entre parenthèse­s, le Niçois - 4 fois champion du monde de full-contact - va remonter sur le ring. Il nous l’a annoncé avec un joli sourire. Voir un Ardissone (Jérôme) sous la lumière des projecteur­s et un autre (Edmond) dans le coin est une bonne nouvelle. Pour le full, pour Nice, pour eux, pour vous, pour nous.

C’est décidé : on va revoir Jérôme Ardissone sur un ring ?

Je n’avais jamais dit ‘’j’arrête’’. Mais je pensais avoir fait mon dernier combat en , à Leyrit, quand j’ai décroché mon e titre de champion du monde. Pour moi, c’était fini. J’avais fait le tour. Ma motivation commençait à s’essouffler. Et j’avais de plus en plus de mal à faire des sacrifices. Surtout à table. J’adore manger, j’aime sortir, faire la fête : tout ce qui est incompatib­le avec la vie d’un boxeur.

Tu étais donc hors-jeu ?

Je ne mettais presque plus les gants. Je jouais les sparrings pour Jonathan Pastorino ou Kamel Jebir. Du coup, je ramassais grave parce que je n’étais pas en condition. Bref, j’avais tiré un trait. C’est ce que je pensais.

Pourquoi avoir changé d’avis ?

Dans la rue, quand les gens me demandaien­t si j’allais reboxer, je ne savais pas quoi leur répondre. Un jour, je disais que c’était terminé, le lendemain je confiais que j’allais remonter sur le ring. Toujours avec un petit pincement au coeur. Et puis, l’envie est revenue. Tout doucement. L’idée a fait son chemin. Et en septembre dernier, quand le club (Ardissone Nice Full Contact à Pasteur où il entraîne les enfants) a repris ses activités, ma décision est tombée. Il fallait que je fasse un dernier combat.

On connaît la date ?

Le  juin à Nice, salle Leyrit. On va monter une soirée avec trois championna­ts du monde. Je vais remettre mon titre en jeu tout comme Kamel Jebir. Jonathan, lui, tentera de le récupérer. C’est la promesse d’une belle affiche. On ne connaît pas encore les adversaire­s, mais ils seront à la hauteur de l’événement.

Le programme à venir ?

J’ai sept mois devant moi pour monter en puissance. Je tiens à faire une super préparatio­n. Interdicti­on de ‘’décapsuler’’. Je pars avec un gros avantage : je n’ai pas de poids à perdre. Je fais  kilos. Et je vais boxer en moins de  kilos. Une très bonne chose. Reste à me refaire la caisse. Je dois me remuscler avant de retrouver les repères du ring. Avec Jonathan et Jebir, on va se tirer la bourre et donc se tirer vers le haut.

Ton père Edmond sera là pour te coacher ?

Qui d’autre que lui pouvait être dans mon coin ? Mon père est mon coach depuis que j’ai  ans. Il sera encore là, avec Franco, pour me guider. Mon père me connaît par coeur. Il a su évoluer avec le full. Il n’est jamais resté figé. Il regarde ce que font les autres. Ça l’inspire. Enfin, il m’offre des clés et son expérience qui est immense.

Les combats ne sont plus les mêmes que jadis quand ‘’Momon’’ était au top ?

Les règles sont les mêmes mais tout va plus vite. Les gars sont mieux préparés. Avant, c’étaient surtout des guerriers et tout se jouait au mental. Il n’y a qu’à voir la gueule qu’ils ont tous aujourd’hui...

Parle-nous de ta vie...

Je travaille au service formation Sports chez les pompiers où je suis également volontaire. Ma vie, c’est la caserne. Ma vie, c’est aussi ma compagne, la famille, les amis.

Tu vas pouvoir concilier travail et entraîneme­nt ?

Quand je vais passer à deux entraîneme­nts par jour, je sais que je pourrai compter sur le Colonel Riquier pour aménager mon emploi du temps. Il m’a toujours facilité les choses en période de combat.

C’était important pour toi cette ‘’der’’ à Leyrit ?

Leyrit, c’est un peu ma maison. J’y ai tous mes repères. C’est un vrai plus. J’espère que les supporters du Gym seront encore derrière nous. Ils nous donnent de la force. Je ne pouvais pas boxer ailleurs.

Ton meilleur souvenir sur un ring ?

Mon premier championna­t du monde à Leyrit en . Je gagne avant la limite face à un Brésilien à qui j’avais cassé deux côtes au e round. J’avais fait une préparatio­n intense. À la fin, je me souviens avoir reçu une décharge d’émotion.

Le pire ?

Ma défaite à Nice, en , contre un Argentin. C’était le combat de trop. Je n’étais pas bien, pas prêt. Je perds logiquemen­t et je finis avec une entorse du pied gauche et un arrachemen­t osseux. Un combat et une soirée à jeter.

Ton adversaire le plus fort ?

Federico Roma, l’Argentin que j’avais réussi à battre aux points lors de mon e championna­t du monde. Il faisait mal. Il encaissait bien. Un vaillant, puissant. Ce fut la guerre. Une guerre propre. J’étais alors au top. Heureuseme­nt...

Le plus fourbe ?

Le Coréen affronté l’an passé à Nice. Il frappait sous la ceinture et quand il faisait le show, c’était pour récupérer. Plus fourbe que fou.

Un combat dingue ?

Mon dernier championna­t de France en . Dans le dernier round, mon adversaire avait dégoupillé et décroché un crochet en plein visage de l’arbitre parce que celui-ci l’avait réprimandé. Il avait été suspendu  ans pour ce geste. Une vraie dinguerie.

As-tu déjà connu la peur sur un ring ?

Une fois. Lors d’une Coupe du monde Wako en Italie. Je devais avoir  ans. J’étais face à un Ukrainien qui en avait dix de plus et comptait une centaine de combats. Quand j’ai reçu son premier coup-de-poing, je me suis dit ‘’ce mec-là n’a pas de gants, mais un marteau dans les mains. Il va me tuer...’’ Je n’ai pas oublié le discours de mon père quand je suis venu m’asseoir dans le coin. Il m’a dit : ‘’Il a deux bras et deux jambes comme toi. Alors, casse pas les couilles et vas-y !’’ J’ai tenu les trois rounds. J’étais soulagé quand j’ai entendu le gong. Et bien sûr j’ai perdu aux points...

Après ton dernier combat, qui va défendre le nom des Ardissone sur les rings ?

Les enfants du club. À moins que je fasse un petit...

Palmarès : 4 fois champion du monde de Full Contact (2013, 2014, 2015, 2017). 1 fois champion d’Europe (2012). 7 fois champion de France Elite.

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Jérome Ardissone Né le  octobre  à Nice.

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