Le policier amputé veut sa réintégration
Maurice Galmacci, policier municipal partiellement amputé d’une jambe en 2007, raconte son combat pour réintégrer la municipalité après un long congé maladie
Le dossier est loin d’être clos, malgré des années de procédures, d’expertises, de jugements et de recours. Pour comprendre l’origine de l’affaire kafkaïenne qui oppose Maurice Galmacci à la municipalité du Cannet, il faut rembobiner jusqu’en 2007. Cette année-là, le policier municipal, qui exerce depuis 20 ans au sein de la commune, est victime d’un accident vasculaire. « Je sortais de chez moi lorsque j’ai senti ma jambe gauche se raidir. J’ai d’abord pensé à une crampe, mais je n’arrivais plus à bouger. J’ai appelé les secours. » Le verdict est terrible : quelques jours plus tard et malgré les efforts des médecins, Maurice Galmacci doit être amputé partiellement de la jambe. À la douleur physique s’ajoute le traumatisme. « J’ai passé presque un an à l’hôpital. J’ai fait une dépression ensuite. Ça a été très compliqué. »
Descente aux enfers
Quatre ans plus tard, début 2011, à l’issue de son congé longue maladie, Maurice Galmacci souhaite reprendre le travail. Cet ancien sportif, décoré pour ses états de service – il s’est retrouvé pris dans une fusillade avec un prisonnier échappé de la maison d’arrêt de Grasse en 2002 – pense alors que le pire est derrière lui. C’est une nouvelle épreuve qui l’attend. « Aucun poste n’était disponible pour moi. J’ai dû passer huit expertises et contre-expertises dans l’année, sans jamais pouvoir reprendre le travail. » Les mauvaises nouvelles continuent. « Cette même année, je suis passé en “demi-traitement”, ce qui signifie que j’ai perdu une grande partie de mon salaire. » Alors que ses revenus avoisinaient les 250 € mensuels, il est indemnisé à hauteur de 750 euros par mois. Le début d’une longue descente aux enfers. « Ça a été la déchéance. J’ai été marginalisé. » Surendettement, interdiction bancaire, perte de son logement. « J’ai dû être hébergé dans ma famille. Impossible de trouver un appartement adapté à mon handicap...»
« La mairie a fait son diagnostic »
Parallèlement, les procédures s’enchaînent (lire cicontre). Malgré les avis favorables successifs du conseil médical départemental, du conseil médical supérieur, du tribunal administratif et de la cour d’appel, Maurice Galmacci ne réintègre pas ses fonctions. « La mairie a fait son propre diagnostic en estimant que je ne pouvais pas retourner travailler, malgré l’avis favorable des experts. Il existe pourtant différentes options, il y a plusieurs services au sein de la police municipale qui ne nécessitent pas forcément d’efforts physiques. » Quant au reclassement proposé par la Ville, « il doit être à l’initiative de l’agent et seulement s’il a été déclaré inapte au travail, ce qui n’est pas mon cas. Et cette proposition m’a été faite alors que j’avais déjà gagné mes procès. » Depuis 2016, suite à une décision de justice, Maurice Galmacci perçoit l’intégralité de son salaire et a été indemnisé rétroactivement à hauteur de 40 000 €. « Cela correspond à mon salaire durant ces années, sans les primes. De quoi rembourser les dettes contractées et payer les frais d’avocat. Je suis toujours interdit bancaire, jusqu’en 2021. » Le policier municipal étudie à ce jour avec son avocat une demande de dédommagement pour le préjudice subi. « C’est une situation qui peut arriver à tout le monde. Je n’attends plus rien et toutes ces décisions en ma faveur ne sont pas une victoire. Mais c’est un soulagement. »