Le Bon marché rassuré
Les habitants du quartier ouvrier datant du début du siècle dernier ont craint une crise de bétonnisation aiguë. Samedi, le maire les a rassérénés et invités à réfléchir à leur avenir
Décidément les habitants du Bon marché sont plein de ressources. Après avoir illuminé les façades de leurs maisonnettes à l’architecture ouvrière du début du siècle dernier (voir ci-dessous), ils ont organisé samedi une crêpe party à l’intention du maire. Une invitation qui n’était cependant pas sans arrière pensée : depuis quelques mois, les habitants de ce petit quartier niché dans les lacets des avenues du Bon-Marché et du Dr-Perrimond étaient très inquiets. Le Plan local d’urbanisme change la vocation de la zone voisine actuellement composée de terrains boisés qui accueillent notamment les serres des espaces verts municipaux. Un environnement de qualité qu’ils craignaient de perdre au détriment d’un projet immobilier composé, selon leurs informations, d’un immeuble et de maisons individuelles.
« Proposez des idées »
Jérôme Viaud a accepté leur invitation. Et, ce samedi, c’est sur la placette centrale du quartier, autour d’un gobelet de café qu’une petite trentaine d’habitants l’ont accueilli avec crêpes, pissaladières, questions et inquiétudes. « Quid de l’avenir du Bon marché alors que l’association du quartier a accompagné et soutenue la démarche d’inscription des savoir-faire liés à la parfumerie au patrimoine mondial de l’Unesco ? », résume Patricia, une riveraine. « Je suis venu vous rassurer. Il n’y aura pas de logements sur ces terrains appartenant à la ville, mais un projet qu’il reste à définir et à construire ensemble. Proposez vos idées », a déclaré Jérôme Viaud. Dans le cadre du Plan local d’urbanisme, la démarche de la ville a été double, a poursuivi le maire : identifier des sites à céder pour désendetter la ville, et inscrire des secteurs en mixité sociale pour répondre aux exigences de la loi SRU, et plus particulièrement en ce qui concerne la cité des parfums, du contrat de mixité sociale signé avec l’État pour obtenir un niveau de logements sociaux inférieur à celui de la loi SRU: 15 % au lieu de 25 % sur la commune de Grasse.
Protéger le site dans le futur
Mais le secteur du Bon marché, s’il est en effet inscrit en secteur de mixité sociale, n’est pas visé par le développement urbain, insiste le maire qui écoute les projets envisagés par les riverains sur ces terrains : «Des jardins partagés», «un sentier botanique et des champs de fleurs », « un site culturel entre galerie et salle d’exposition », «un lieu pour les adolescents », etc. Les riverains, à l’issue de cette rencontre, se disent rassurés, mais resteront vigilants. « Le site est inscrit en secteur à mixité sociale. Si le maire change, les projets de construction pourraient refaire surface. » En attendant, ils ont désigné trois porte-parole qui, dès janvier prochain, rencontreront le maire et ses services avec des propositions plus détaillées pour l’avenir de leur quartier. «L’objectif est de présenter un projet durable quelle que soit la municipalité future », soulignent les riverains.