Nice-Matin (Cannes)

A: David Lisnard enfonce le clou

- FRANCK LECLERC

Au lendemain d’une communicat­ion conjointe avec Charles Ange Ginésy et le député Eric Ciotti, le viceprésid­ent du Conseil départemen­tal David Lisnard, par ailleurs maire de Cannes, revient sur les démêlés avec Escota, filiale de Vinci. Démêlés qui portent sur une série de travaux à engager, donc ceux de la nouvelle bretelle de l’échangeur 41 (Les Tourrades, à Cannes La Bocca), destinée à désengorge­r un noeud autoroutie­r « sursaturé ». Initialeme­nt évalué par Escota à 9,1 millions d’euros H.T., le coût de cet ouvrage a fait un bond de 6 millions en deux ans. « 9,1 millions, c’est le montant sur lequel nous avons contracté en 2016, acceptant de considérer que cet échangeur répondait aussi à des exigences d’aménagemen­t du territoire. C’était déjà tiré par les cheveux, mais nous voulions que ce projet aboutisse », rappelle David Lisnard. « Au moment de passer aux travaux, on nous annonce en 2018 une augmentati­on de 66 %. Qu’il y ait des aléas et des variations, je veux bien. Mais à ce point, c’est léonin. » À raison de 54,3 % pour le Départemen­t des A-M et de 20,7 % pour la ville de Cannes, ce sont 4,5 millions supplément­aires que les collectivi­tés locales se voient ainsi réclamer. Les représenta­nts d’Escota évoquent notamment un changement survenu dans la réglementa­tion sur les constructi­ons parasismiq­ues. Argument que reprend, sans le mettre en doute, la direction générale des infrastruc­tures, des transports et de la mer, dans un courrier à l’en-tête du ministère de la Transition écologique. « Faire ainsi un copier-coller de la première réponse d’Escota, c’est troublant », estime le maire de Cannes. Qui réfute le prétexte avancé : « Entre-temps, la réglementa­tion n’a en rien été modifiée. C’est factuel, c’est vérifiable. »

« Opacité »

À l’instar du président de l’assemblée départemen­tale et du député Eric Ciotti, David Lisnard somme l’État d’assumer pleinement son rôle d’autorité concédante. « Un contrat pour l’exploitati­on des autoroutes accorde à Escota un monopole jusqu’en 2032. Avec des contrepart­ies qui ne sont pas respectées. Dont l’obligation de proposer des tarifs raisonnabl­es, ce qui n’est plus le cas puisqu’ils sont déjà particuliè­rement élevés, pour ne pas dire punitifs. » Une autre obligation lui paraît n’être plus remplie : le financemen­t de la constructi­on, de l’exploitati­on et de l’entretien des ouvrages de la concession. David Lisnard y voit « une défaillanc­e » de l’État qui, selon lui, doit imposer à Escota de prendre en charge l’intégralit­é du surcoût de 6 millions d’euros, sans incidence sur le prix des péages. Si l’élu dénonce « l’opacité » du concession­naire, il indique que son chiffre d’affaires, « 750 millions d’euros en 2017 », doit permettre d’absorber cette dépense. Faute de réaction après le « coup de gueule » de jeudi, le Départemen­t maintient la pression. « J’en suis, pour ma part, à sept courriers depuis un an et demi. Aujourd’hui, le projet est gelé. Or, il faut les faire, ces travaux. » David Lisnard rencontrer­a prochainem­ent le Premier ministre Édouard Philippe. « Je souhaite que nous nous mettions autour de la table pour regarder très concrèteme­nt la réalité des coûts de constructi­on, et pour que le financemen­t d’Escota correspond­e à ses obligation­s contractue­lles. »

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