Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL « Se battre jusqu’à la fin »

Diego Benaglio a regretté que son équipe n’ait pas pu garder l’avantage contre Montpellie­r. Demain contre Amiens, il faudra batailler sans

- RECUEILLI PAR FABIEN PIGALLE

A ans, Diego Benaglio a connu « plusieurs situations extraordin­aires et d’autres plus compliquée­s » dans sa carrière. Doublure de Danijel Subasic blessé, l’expérience du gardien suisse est précieuse pour l’AS Monaco. Thierry Henry n’a pas hésité à lui donner le brassard de capitaine contre l’Atletico Madrid en l’absence de Falcao. A Amiens, Benaglio n’envisage rien d’autre que les trois points.

Depuis votre surface, avezvous senti le match tourner à l’heure de jeu ?

J’ai compris que plus le temps passait, plus ça allait être compliqué pour nous. Montpellie­r a bien pressé après la pause, et nous, nous ne trouvions plus les solutions comme en première période. Je savais que le dernier quart d’heure allait être dur. J’ai tout de suite compris oui. Dans ces situations, la seule chose à faire, c’est se battre jusqu’à la fin. Nous n’avons pas été capables de le faire ce soirlà.

C’était physique ou mental ? Thierry Henry évoquait la notion de “peur de gagner”...

Je trouve que dans notre situation, la tête, le mental, peut jouer des tours. Je ne sais pas si on a eu peur de gagner, ou perdre... Dans tous les cas, on n’a pas trouvé la solution pour garder le ballon ou gagner les duels. Des situations décisives dans les dernières minutes. On a rendu les choses un peu faciles à notre adversaire.

C’est le besoin de points qui vous fait perdre en lucidité ?

Vous savez, quand ça fait longtemps que vous n’arrivez pas à obtenir de résultats positifs, on peut perdre en lucidité. De temps en temps, tu n’es pas libéré dans la tête. Ok, il manque de la confiance... Dans ces situations, il ne faut pas hésiter à balancer le ballon en tribunes pour pouvoir gagner -. Tout donner dans chaque duel pour garder ce résultat. Après, l’erreur est humaine. On ne fait pas tout juste dans le foot. Mais ce qu’on retient et ce qui compte c’est tout ce que tu dois faire pour gagner le match. Une chose est sûre : tout le monde a pris conscience de la situation dans laquelle nous sommes. Je peux vous l’assurer.

L’expérience d’avoir déjà joué le maintien compte-telle pour un joueur ?

J’ai connu cette situation deux fois avec Wolfsburg. Après, ce serait trop facile de dire qu’il existe des joueurs ou des équipes capables de jouer le maintien et d’autres qui ne le sont pas. Le plus important, c’est de s’adapter. De trouver des solutions, changer ton jeu ou la manière d’entrer sur le terrain pour faire face à cette situation. Le plus important, c’est le combat. Se battre sur le terrain. Ce qui compte ce n’est pas la manière, c’est prendre des points. Cette adaptation-là, ça s’apprend. On peut l’apprendre plus ou moins vite. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous avons des joueurs qui ont connu ça. Donc l’excuse, “nous ne sommes pas faits pour jouer le maintien”, ça ne marche pas. Je ne veux pas l’entendre.

Vous n’en voulez pas à Jemerson pour son erreur ?

Je pense qu’il faut se dire les choses quand ça ne va pas. Même quand c’est dur. C’est très important. Mais il faut que ça reste dans le vestiaire, entre nous, à l’entraîneme­nt. On se doit d’être honnête entre nous. Mais pour moi, et je l’ai vécu plusieurs fois dans ma carrière, tu ne peux t’en sortir que si tu restes uni. Solidaire. Je ne vais pas juger un joueur pour son erreur. On en fait tous. Vous, comme moi. Pointer du doigt un joueur après la rencontre en disant que c’est à cause de lui qu’on a perdu, ça ne mène à rien. Par contre, il faut que chacun se remette en question en se disant “qu’est-ce que je peux faire de plus pour cette équipe ?”. Le plus important c’est de tout donner pour l’équipe, pour le club, pour les supporters. Ok, cette erreur coûte cher, mais ce n’est pas un seul joueur qui est passé à côté, c’est tout le monde. Il faut être encore plus unis que lorsque tout va bien.

C’est un discours de capitaine que vous tenez là...

C’est juste le discours d’un joueur qui est depuis longtemps dans le foot, et qui a connu des situations extraordin­aires, mais aussi très compliquée­s.

Vous étiez numéro  en début de saison, maintenant titulaire et capitaine à Madrid. Sentez-vous plus de responsabi­lités sur vos épaules ?

Je ne pense pas trop à ça en dehors. Mais que ce soit à l’entraîneme­nt, sur le terrain ou dans le vestiaire, si j’ai envie de dire quelque chose... je le dis. Les joueurs expériment­és sont importants dans ces moments-là. Si on peut aider un jeune joueur qui n’avait jamais connu le maintien avant, oui, il faut faire ce qu’on a à faire. On n’hésite pas alors à raconter les moments qu’on a vécus et comment on s’en est sorti. Mais je ne me pose pas trop de question sur ce que ce rôle représente ou pas pour moi. Nous sommes une équipe et je veux qu’on sorte le plus vite possible de cette situation difficile.

Vous dites avoir connu le maintien... Mais avezvous déjà joué dans un club qui compte autant de blessés ?

A Wolfsburg, nous avons eu également des situations comme celle-ci avec des absents. C’est lié vous savez. Mais là, avoir la moitié de l’équipe blessée, non, je n’avais jamais connu ça. C’est quelque chose de spécial. Ça complique encore plus. Nous devons accepter cette situation sans se trouver d’excuses. Nous, nous ne sommes pas blessés. On doit redresser la barre en attendant que les autres reviennent.

Est-ce que c’est compliqué compte tenu du nombre de blessés de maintenir une union dans le groupe ? Parce que la moitié de l’équipe

s’entraîne à l’écart...

Je ne trouve pas. Déjà, depuis quelque temps les blessés viennent en même temps que les joueurs aptes à l’entraîneme­nt. Donc on ne perd pas le contact. On arrive du coup à faire certaines choses ensemble. Mais c’est certain que lorsqu’on est blessé, on se sent forcément un peu à l’écart. Mais nous faisons tout pour avoir une dynamique d’équipe.

En dehors des blessés, il y a beaucoup d’agitation en coulisses avec les ennuis judiciaire­s de votre président etc. Cela vous perturbe-t-il ?

Évidemment qu’on lit tout ça. Mais si aujourd’hui, on commence à dire qu’on ne joue pas bien parce qu’on a entendu ça, ça ou ça... Désolé, mais c’est se chercher des excuses. Peu importe ce qu’il se passe à côté, il faut faire le maximum pour ce club.

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