Nice-Matin (Cannes)

Mémoire de Grassois Jeannot Mancini évoque la vie à Châteauneu­f

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Retrouvez cette rubrique qui donne la parole à un habitant de la cité des parfums ou du pays grassois. Aujourd’hui , Jeannot Mancini évoque la vie à Châteauneu­f au coeur des années .

Sis au sommet d’une colline, Châteauneu­f est un des plus beaux villages du pays grassois. Voilà une cinquantai­ne d’années, toute l’activité économique s’y déroulait, le Pré-du-Lac n’étant pas encore ce carrefour important, qui cristallis­e aujourd’hui l’ensemble des commerces et des services. Une ancienne ferme évoque encore l’activité rurale du lieu. Nombre de villageois se souviennen­t du troupeau de vaches laitières qui paissaient alentour de la vénérable exploitati­on. Jeannot Mancini qui habite depuis une soixantain­e d’années au bas de la rue Seleye, a bien connu l’époque où Châteauneu­f vivait encore au rythme des travaux agricoles et au pas des chevaux des paysans. « Mon père était jardinier et ma mère, cuisinière dans certaines maisons de maîtres des environs. De mai aux premières gelées, elle cueillait aussi la rose et le jasmin. Dès que je rentrais de l’école, je participai­s aussi à la cueillette, à l’image de tous les enfants. » Le village compte alors de nombreux commerces. En 1950, existent deux boucheries, trois épiceries, deux bars, deux boulangeri­es et un bureau de poste. Et Jeannot d’évoquer avec une certaine nostalgie, l’âne qui apportait les fagots destinés au four du boulanger. Les ménagères confient au commerçant, la cuisson de leurs petits farcis. La rue Seleye compte de nombreuses caves où sont stockés les tonneaux de vin. Ce sont ces sortes de celliers qui, in fine, donneront leur nom à la venelle.

En naviguant et en patinant sur le lac

« Au Pré-du-Lac, après de fortes intempérie­s, se formait une nappe d’eau très importante. Pour mes copains et moi, c’était une aire de jeux formidable. Nous naviguions sur cet immense étang à bord d’une petite barque. Durant l’hiver, l’endroit se transforma­it en patinoire. Mais il fallait être prudent, car à certains endroits, la glace était fragile et c’était assez dangereux. » Aujourd’hui, l’aménagemen­t du carrefour et les constructi­ons attenantes ont fait disparaîtr­e cette cuvette qui se remplissai­t d’eau et seul, le nom de Pré-du-Lac, en évoque encore le souvenir. « Nombre de visiteurs, de passage à Châteauneu­f, se rendent à l’office du tourisme et demandent où se trouve le lac », relate Jeannot en souriant.

Pour ne pas oublier les objets du passé

Après une carrière effectuée dans le bâtiment, Jeannot est à présent très impliqué dans la vie du village. En 1979, il a fondé, avec Josette Guidarini, le groupe folkloriqu­e « lei Messuguie », toujours très actif et qui se produit dans de nombreuses communes, lors des fêtes patronales. Un temps, conseiller municipal, Jeannot s’est ensuite impliqué avec Marie-Claude Léouffre, dans la création du Musée des Objets Oubliés, installé dans l’ancienne chapelle San Bastian, qui au début du siècle dernier fut propriété des soeurs du Bon Pasteur. « Tous les villageois nous ont apporté des outils, de la vaisselle, des petits meubles et autres éléments de la vie d’antan et notre collection s’étoffe toujours. » Nombre d’écoliers viennent visiter ce fascinant musée qui leur permet de découvrir comment vivaient leurs aïeux. Aujourd’hui Jeannot et son épouse Marcelle vivent heureux à Châteauneu­f, et demeurent très proches de leurs trois petits enfants. Avec un tel grand-père qui a tant d’anecdotes à raconter, ils ne risquent pas de s’ennuyer !

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Hier : Jeannot en écolier modèle. Aujourd’hui, Jeannot Mancini devant la maison des objets trouvés qu’il a créée avec Marie-Claude Léouffre.
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(Photos DR et C.J.-B.)

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