Des «gilets jaunes» d’horizons divers
Les «gilets jaunes» sont d’horizons très différents, leurs propos le sont tout autant. La colère les rassemble à l’encontre du président de la République, du gouvernement et des parlementaires. Ceux d’aujourd’hui comme ceux d’hier. ■ Lionel : « Ça fait 30 ans qu’on élit des gens et que rien n’avance. On nous prend pour des imbéciles. C’est tombé sur Macron. Lui, c’est le dernier que j’ai pu supporter. L’écologie d’accord, mais ce sont toutes les multinationales qui pourrissent la planète. Il faut changer tout ça » remarque ce petit commerçant fréjusien de 45 ans. ■ François, salarié de la restauration, travaille pour, un jour, monter son affaire. Mais « je n’ai plus d’espoir en France. On nous demande toujours de faire des efforts, mais ce sont eux qui en profitent, ils sont sous la coupe des multinationales. Il faut mieux partager les richesses. Avant mai 68, c’était calme. Les gouvernants cherchent à ce que ça dégénère » .Letrentenaire a écrit « Macron, arrête de nous saigner » sur son gilet jaune. ■ Didier, 47 ans, artisan jardinier en arrêt maladie est l’un des plus assidus : « Heureusement que ma femme travaille. Je suis fatigué, je dors 4 heures par nuit depuis le 17 novembre, je devrais être à l’hôpital ce matin, mais je ne lâcherai rien. On a bloqué ce point stratégique du département, sans violence, sans casse. On veut arrêter le train de vie des hommes politiques, qu’ils baissent les charges des entreprises, les normes qui nous étouffent, la paperasse qui nous prend du temps et de l’argent. Le problème de Macron, c’est qu’il nous crache dessus. Il doit nous écouter, et ne pas oublier qu’il est en CDD. On est contre ce qu’il s’est passé à l’Arc de Triomphe, mais s’il ne nous écoute pas, ça va dégénérer. Et s’il nous envoie l’armée, ce sera une déclaration de guerre ». Sur son gilet jaune est écrit : « Recherche gouvernement sans casserole ». Lui ajoute : « Eux, ils ont des marmites ! » ■ Nicolas, 44 ans, intermittent du spectacle n’en veut pas qu’au président Macron : « Ça fait 40 ans que ça dure. On paye de plus en plus pour de moins en moins de services publics. Des Issambres, je suis obligé d’aller à Sainte-Maxime pour la banque postale. Même si financièrement je m’en sors, il faut tout remettre à plat : la dette est virtuelle, l’argent tourne, on détruit la nature tous les jours. Il faut baisser les salaires et avantages des élus et des hauts fonctionnaires, et en donner un peu plus aux derniers de cordée ». ■ Mira, 33 ans, animatrice, reprend ses études. Elle veut « une vraie justice, un référendum d’initiative citoyenne, une Assemblée nationale citoyenne ». À l’image de Youssef, 38 ans, ancien militaire, qui dénonce : «Macron n’a pas attendu pour faire des cadeaux aux plus riches, et pour nous, depuis trois semaines, il ne bouge pas ». Comme Sam, artisan, ils assurent tous : « On tiendra jusqu’au bout, Noël, et même Pâques s’il le faut ».