Nice-Matin (Cannes)

Compatible­s ? Allan Saint-Maximin et Mario Balotelli n’ont pas encore trouvé la bonne carburatio­n. Peuvent-ils s’entendre ?

- CHRISTOPHE­R ROUX

Le Gym va bien. Il peut, en cas de résultat positif ce soir face à Angers, enchaîner un sixième match d’affilée sans défaite en L1. Pour voir les Aiglons réaliser pareille performanc­e, il faut regarder la fin de saison 2016-2017 (18 mars30 avril). La statistiqu­e n’est pas une prouesse mais elle mérite d’être soulignée avec force. Cette équipe avance et plutôt vite. Ne reste plus qu’à mettre de la folie dans la surface adverse pour que le bonheur soit total. Et que le compteur buts (12 réalisatio­ns pour l’instant) décolle pour de bon et soit en adéquation avec la 7e place actuelle. Quand une équipe n’emballe pas les foules sur le plan offensif, forcément, l’oeil se tourne vers les attaquants. A Nice, c’est donc le rendement d’Allan Saint-Maximin (3 buts) et de Mario Balotelli (0), alignés ensemble à Guingamp, qui interpelle. Leur complicité a été défaillant­e. Leurs appels n’ont jamais été coordonnés et leurs échanges, sources de reproches mutuels, pas forcément constructi­fs. Ce constat dressé, une question se pose. Ces deux footballeu­rs au talent indéniable sont-ils faits pour évoluer côte à côte ?

Vieira : « Les bons joueurs sont toujours faits pour jouer ensemble »

« Tout va bien. Ils n’ont pas de problème ou une mauvaise relation, a fait savoir Walter Benitez hier, interrogé sur le lien qui anime ses deux partenaire­s. Ce n’est qu’un peu de frustratio­n. C’est normal, ils veulent faire plus pour l’équipe. » « Les bons joueurs sont toujours faits pour jouer ensemble », a ajouté Vieira, dans la foulée de son portier, qui vit les difficulté­s de son attaque avec beaucoup de sang-froid. Même s’il doit subir le courroux de ses deux pointes à chacun de leur remplaceme­nt, comme ce fut le cas en Bretagne samedi ou contre Amiens le 3 novembre. « Ça fait partie de la vie d’un entraîneur, d’un groupe, a confié le technicien du Gym. Ça ne me pose aucun problème d’échanger avec les joueurs, de leur donner mon point de vue, qu’ils réagissent. Certains comprennen­t, d’autres pas. Il y a en d’autres qui l’acceptent, d’autres moins. J’attends qu’ils aient beaucoup de respect par rapport aux décisions que je peux prendre, pour le groupe et le club, mais jusqu’à maintenant il n’y a eu aucun débordemen­t. » Vieira n’est donc pas usé et n’a pas

Les écarter ? Pas du tout. J’ai beaucoup de temps pour les joueurs. Si je dois expliquer vingt ou cent fois les choses, je le ferai. Je suis patient. ” Patrick Vieira, au sujet de son duo d’attaque

l’intention d’écarter ses deux finisseurs. Notamment Balotelli, le plus virulent des deux. Et ils devraient donc débuter à nouveau ce soir contre le 13e de L1. Surtout en l’absence de Myziane et après les entrées peu productive­s de Ganago et Makengo au Roudourou. « Les écarter ? Pas du tout. J’ai beaucoup de temps pour les joueurs. Si je dois expliquer vingt ou cent fois les choses, je le ferai. Je suis patient », s’est amusé le champion du monde 98, qui s’attend à un « match compliqué » contre le 3-5-2 du SCO, schéma que son Gym a du mal à manoeuvrer.

Menès : « La forme de Balotelli est précaire »

Dès lors, comment relancer les deux hommes ? « Ce n’est pas seulement le problème de Mario et Allan, c’est peut-être le manque de soutien qui ne leur permet pas de s’exprimer. Le positionne­ment de Malang (Sarr), Christophe (Hérelle) ou même de Dante en période de constructi­on comme de petits détails feront aussi que Mario et Allan toucheront plus de ballons. C’est difficile quand ils sont isolés contre cinqsix défenseurs. Avec notre organisati­on, on n’a pas besoin d’eux dans la constructi­on. » Les deux hommes comprendro­nt, peut-être, qu’ils doivent moins décrocher pour toucher le cuir. Suffisant ? Pas pour Pierre Menès. Le consultant de Canal + juge la connexion vouée à l’échec dans l’état actuel des choses. Il pointe Balotelli. « Dans l’absolu, ils sont compatible­s. On a un joueur puissant et axial avec un autre rapide sur les côtés. Mais la forme de Balotelli est tellement précaire que c’est difficile pour lui de s’entendre en ce moment avec qui que ce soit sur le terrain. Comme il ne fait pas le minimum d’efforts requis alors qu’à côté de lui il a un joueur qui joue tous les ballons à fond, évidemment, ça fait un décalage important. Et je pense que connaissan­t le caractère de Patrick, ça ne va pas tarder à le saouler. Est-ce qu’il ne lui manque pas un but pour rebondir ? Si encore il ratait des occasions, on dirait ça va venir avec la confiance. Là, il n’en a pas. Allan, de son côté, progresser­ait énormément en levant plus la tête et en s’appuyant davantage sur ses coéquipier­s. Il va plus vite que Mbappé et doit apprendre à ralentir en fin d’action. Les piquer en les faisant passer par le banc ? Il va falloir faire avec eux parce que je ne pense pas que Nice ait les moyens de faire avec d’autres en attaque. » Jérôme Alonzo, ancien portier du Gym, désormais consultant pour la chaîne L’Equipe, n’est pas tendre non plus avec l’Italien. « Si le duo ne fonctionne pas, c’est parce qu’il est constitué d’une personne qui a très envie de progresser et d’une autre qui nous montre qu’elle a été rattrapée par ses démons. Balotelli aurait pu être ce grand frère qui amène Allan vers le très, très haut niveau. Il est resté à Nice par défaut et un joueur dans ce cas ne peut pas aider son équipe. La réussite de leur duo dépend de lui. Lui faire perdre encore 4-5 kg, l’arrêter et le faire bosser tout janvier, avec une prépa foncière digne de ce nom, pourrait être la solution. Mais pour soigner un malade, il faut déjà qu’il soit d’accord. »

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