État d’urgence économique?
Commerçants, artisans, chefs d’entreprise, sans être anti-« gilets jaunes », ne cachent pas pour autant leur angoisse. Si le mouvement se poursuit, certains sont en danger…
Il faut que Macron éteigne l’incendie. Vite, il n’a pas le choix. On va vers une catastrophe économique. On ne peut pas trembler comme ça tous les jours en ouvrant nos commerces. Et pleurer en relevant la caisse le soir», se désespère Sophie, patronne d’une boutique du centre-ville de Nice. «La facture est déjà lourde pour les petits commerçants », confirme Philippe Desjardins. Le président de la Fédération du commerce niçois et de l’artisanat (FCNA) ne cache pas sa «vive inquiétude. On y est ! On faisait le dos rond jusqu’à présent, mais on y est… Encore un week-end comme ça et c’est la catastrophe», souffle-t-il, en annonçant une réunion de crise, demain, des «vingt-deux présidents d’associations de commerçants niçois». «Pour nous, décembre, c’est deux mois de chiffre d’affaires et on en est déjà, en moyenne, entre 15 et 30 % de baisse en une quinzaine de jours», déplore-t-il. «On a des employés à payer! Et l’Urssaf, les impôts, la Sacem… Je suis très pessimiste car je me rends compte qu’il n’y a pas de retour politique qui nous ferait espérer une sortie de crise, appuie Philippe Desjardins. On fera les comptes à la fin, mais Noël, si ça continue, ne sera pas rose pour la profession». Sans compter, dit-il encore, les de livraison »… «difficultés
Ruptures de produits livraisons
Des problèmes d’approvisionnement qui touchent, aussi, les grandes surfaces. À Auchan à La Trinité, par exemple, certains rayons sont vides. Notamment les produits secs, comme le café, les pâtes, les huiles. Ou bien la parfumerie. «Les blocages d’entrepôts comme celui de Nîmes-Saint-Césaire, ont un impact sur nos livraisons. Notamment pour ce magasin-là. En revanche, il n’y a aucun problème pour les produits frais et les boissons, confirme un porteparole de l’hypermarché. On est en train de travailler sur des solutions d’approvisionnement pour remédier à ces ruptures.» Car, qui dit rayons vides, dit allées moins remplies. Et baisse du chiffre d’affaires. D’autres commerces sont impactés. Selon l’institut Quantaflow, les centres commerciaux ont accusé, samedi, au niveau national, une baisse de fréquentation moyenne de 14 %.
« Des signes inquiétants »
La chambre de commerce et d’industrie (CCI) Nice-Côte d’Azur ne souhaite pas « juger du bien fondé du mouvement des “gilets jaunes”. » Mais son président alerte «sur l’impact économique d’une situation qui serait dramatique dans le temps.» Les dégâts ne sont pas chiffrés avec exactitude, mais Jean-Pierre Savarino avance que «sans préjuger de l’enquête en cours auprès d’un panel d’entreprises, tous secteurs confondus, nous avons déjà constaté des signes inquiétants.» Selon la CCI, «la grande distribution enregistre une baisse de fréquentation allant jusqu’à 50 % avec une baisse constante, y compris en semaine.» Jean-Pierre Savarino rejoint ainsi la FCNA: «Les commerces à proximité des lieux de manifestations sont dramatiquement impactés et on déplore des problèmes d’approvisionnement en produits frais, carburants qui laissent présager de difficultés accrues. » Et, là aussi, cette crainte pour la période des fêtes de fin d’année: «Elle est vitale pour de nombreux professionnels.» La CCI a déjà anticipé l’accompagnement des entreprises avec la mise en place d’un guichet unique qui sera proposé aux services de l’État vendredi. Attention, ils ne sont pas anti-« gilets jaunes ». Ils ont juste décidé, entre eux – une douzaine de chefs d’entreprise des Alpes-Maritimes – de trouver des solutions. Pas miracles, mais peut-être lettre au Premier ministre. Le moratoire annoncé sur les taxes sur le carburant ? Ces chefs de PME sont prêts à monter à Paris pour en parler. Parmi eux : Cap assurance, le cabinet Merengone, la Biscuiterie alpine, Ortseel light, ou encore Kapitalium, Eirel immobilier et Max Estin… La plus petite PME a un seul salarié, la plus importante en compte vingt. Très représentatif des entreprises azuréennes.