Nice-Matin (Cannes)

Julian King : « La sécurisati­on de Nice est un modèle »

- PROPOS RECUEILLIS PAR R. D.

Au mois de mars Julian King quittera, Brexit oblige, ses fonctions. Le commissair­e européen à la sécurité était à Nice au lancement de la dernière tranche de sécurisati­on de la promenade des Anglais, puis a tenu une réunion à l’hôpital Lenval. La candidatur­e de Nice comme centre européen d’expertise pour les victimes du terrorisme y a été évoquée. Selon le maire de Nice, Christian Estrosi, le dossier de candidatur­e niçois « est soutenu et tient la corde ! » Depuis Julian King a également confirmé le choix de Nice comme ville coordinatr­ice du partenaria­t de l’Agenda urbain de l’Union européenne dédié à la sécurité urbaine.

Comment évaluez-vous le système de protection installé sur la promenade des Anglais ?

Cette sécurisati­on de Nice est un modèle. On ne peut pas tout conduire depuis Bruxelles. L’échelon local, la coopératio­n avec une ville peuvent être très efficaces. C’est le cas ici. Ce chantier a été l’un des premiers projets mené avec une ville et l’Europe l’a soutenu à hauteur de trois millions d’euros. Ce modèle sert pour une seconde vague de réalisatio­ns pour lesquelles L’Europe va débloquer  millions d’euros. Toujours localement et dans le cadre de la lutte contre la radicalisa­tion, nous souhaitons renforcer le réseau de coopératio­n. L’Europe va ainsi organiser, au début de l’année prochaine, une conférence réunissant les maires, les autorités locales.

En matière de police quel est l’axe actuel ?

L’Europe dispose d’Europol, pour la police criminelle, d’Eurojust comme unité de coopératio­n judiciaire. Mais d’autres agences méritent d’être développée­s. C’est le cas de Cepol, collège européen de police qui assure également la formation. Un jumelage entre les pays, certains sont plus avancés, est recherché, ce qui permettra de renforcer partout l’expertise.

Quelles sont les priorités en matière de partage d’informatio­ns ?

Le suivi des flux financiers, des registres bancaires progresse, en particulie­r pour en faciliter l’accès aux policiers et juges. Mais il reste encore beaucoup à faire. Par exemple, la coopératio­n avec les États-Unis a été très efficace après les attentats. Cependant je trouve bizarre de passer par Washington pour obtenir des informatio­ns sur des citoyens européens. Actuelleme­nt, notre plus grande base de données, c’est le système d’informatio­n Schengen qui a été consulté cinq milliards de fois l’année dernière. L’enjeu demeure sur les fichiers PNR [Passenger Name Record, ndlr] ,avecle partage d’informatio­n sur les passagers qui arrivent dans les aéroports européens. Le chantier qui consiste à relier les réseaux nationaux a beaucoup avancé, vingt pays sont désormais bien équipés, mais il en manque encore. Enfin pour lutter efficaceme­nt contre la diffusion de contenus et propagande­s terroriste­s en ligne, le travail à  [pays européens, ndlr] est indispensa­ble face aux grands acteurs du Web.

Que va devenir la collaborat­ion avec le Royaume-Uni ?

Si je suis le dernier commissair­e britanniqu­e, je ne dois pas être le dernier commissair­e à gérer les questions de sécurité. alheureuse­ment les menaces demeurent, évoluent. J’espère de la collaborat­ion entre l’Europe et le RoyaumeUni va continuer après le Brexit, selon des modalités qui restent à définir.

 ??  ?? Julian King, le dernier commissair­e européen britanniqu­e à la sécurité, était à Nice sur la promenade des Anglais pour lancer le dernier tronçon du chantier depuis Lenval. (Photo Franck Fernandes)
Julian King, le dernier commissair­e européen britanniqu­e à la sécurité, était à Nice sur la promenade des Anglais pour lancer le dernier tronçon du chantier depuis Lenval. (Photo Franck Fernandes)

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