Nice-Matin (Cannes)

«Le métier est devenu différent, c’est normal…»

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Un de nos lecteurs a rappelé un épisode pénible pour Chamfort. Au début des années , il avait été viré sans ménagement par EMI, la maison de disques. Il lui a été demandé comment il s’y était pris pour rebondir.

« Il n’y a pas vraiment de recette miracle. J’ai fait un peu comme je pouvais. J’étais dans un environnem­ent particulie­r. Les maisons de disques ont beaucoup changé. J’ai eu la chance de les connaître quand elles étaient encore entre les mains de gens qui aimaient la musique, de vrais directeurs artistique­s. On avait besoin de ça. Petit à petit, on est passé à de la gestion d’entreprise, qui n’impliquait pas forcément d’apprécier la musique. L’important est devenu de savoir vendre un produit et obtenir un résultat économique. On a commencé à travailler avec des notions de marketing qu’on aurait pu retrouver dans l’agroalimen­taire... Avant, le marketing était au service du chanteur et de ses morceaux. La finalité étant de créer une rencontre avec les gens. Maintenant, on fabrique quelque chose, on invente un besoin et on apporte le produit aux gens. Les artistes comme moi, qui traînaient depuis longtemps dans les maisons de disques, ne correspond­ent pas aux besoins d’aujourd’hui. En ce moment, il faut faire du rap ou de la musique urbaine. C’est normal, c’est en rapport avec de nouvelles génération­s. Les rappeurs, eux, ont intégré tous les codes du marketing, leur approche est globale. Ils savent très bien faire du business. En plus d’un album, ils vous vendent des vêtements, etc. Le métier est devenu différent. C’est normal, c’est dans l’ordre des choses. Pour ma part, je ne peux pas prétendre être autre chose que ce que je suis. Je continue à faire ce que je sais faire. »

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