Nice-Matin (Cannes)

Le rebond antibois vu par Marc Berjoan

Après un début de saison raté avec neuf défaites en neuf matchs, les Sharks d’Antibes viennent d’enchaîner deux succès de rang. L’entraîneur adjoint Marc Berjoan s’en réjouit mais reste lucide

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER

Il est le côté “posé” de l’entraîneur Julien Espinosa. Marc Berjoan, c’est un adjoint qui ne se met que très peu en avant malgré son importance au sein du groupe antibois. Comme tous les joueurs, le natif de Montbrison a vécu de l’intérieur le début de saison critique des Sharks et se réjouit que les choses tournent enfin dans le bon sens. L’adjoint a profité des quelques jours ‘’off’’ pour revenir sur ce premier tiers de saison par téléphone. Un éclairage précis et raisonné.

Ces deux victoires doivent être un vrai soulagemen­t !

Disons que ça concrétise le travail effectué depuis le début de l’année. C’était quand même frustrant de ne pas arriver à le traduire sur le terrain et d’avoir les résultats qui vont avec.

On a retrouvé un collectif à Cholet, où chacun faisait les efforts pour l’autre…

Je n’ai jamais senti qu’on ne faisait pas vraiment les efforts pour l’autre.

Je pense qu’il y avait beaucoup de frustratio­n mais on n’a pas de solistes, de gars qui jouent pour eux ou qui sont renfermés sur eux. Tout le monde a continué à faire les efforts, le groupe n’a pas éclaté. Quand quelqu’un ne fait pas les efforts après neuf défaites, le groupe explose. Ça n’a jamais été le cas et on a pu évacuer cette frustratio­n et se lancer.

L’équipe de départ n’était pas assez complète ?

Elle était peut-être un peu moins équilibrée que l’équipe actuelle, même si on n’a jamais vraiment eu l’équipe de départ non plus. Elle n’est pas plus complète parce qu’il nous manque toujours deux joueurs, mais elle est un peu plus équilibrée.

L’ambiance était pesante ?

Il y avait de la frustratio­n mais l’ambiance est toujours restée au travail. Les gars sont attentifs l’un à l’autre, c’est ce qui nous permet de rester soudés, ce qui fait qu’on peut s’en sortir. Il faut toujours rester dans le dialogue. Quand les choses sont dites et écoutées, on continue à travailler et à avancer. Aussi bien staff que joueurs.

Il y a eu du doute?

Il ne faut jamais oublier le contexte. Dire qu’on était complèteme­nt sereins serait faux mais de là à basculer dans le doute… Le match le plus difficile à accepter, c’était celui à Bourg [défaite -] .On avait fait une super semaine d’entraîneme­nt, on venait de gagner contre SaintChamo­nd en Coupe de manière autoritair­e et on était parti plein d’espoir mais ça a été difficile. On commence à sentir les frémisseme­nts de ce qu’on recherche et après Bourg on se dit : « Qu’est-ce qui nous manque ? »

Les deux dernières recrues valorisent le collectif !

Chris [Otule, pivot] on le savait, Taurean [Green, meneur] on s‘est renseigné : on ne voulait pas de sauveur ! On ne voulait pas d’un mec qui arrive et qui dise : « Laissez-moi faire, écartez-vous je vais m’en occuper!» On nous en a proposés, mais on a pris des gens qui pouvaient aller dans un collectif.

Il manquait un peu de liant, d’équilibre. Ils ont l’avantage de ne pas avoir vécu les neuf défaites. Ils arrivent frais, ça a permis d’avoir un peu plus de légèreté et pas toujours cette chape de plomb.

« On ne voulait pas de sauveur »

« Pas question de se croire arrivé »

Green peut débloquer pas mal de situations…

Il apporte un peu de créativité et surtout un danger. Les dangers sont mieux répartis. Comme on a des gars qui font le boulot de l’ombre, tout devient plus fluide et on commence à devenir moins prévisible. Notre problème de défense était surtout lié à un problème d’attaque. Quand on patauge un peu, qu’on perd des ballons, qu’on offre des contreatta­ques… On donnait trop de munitions, on se précipitai­t dans nos choix offensifs. On ne défend pas mieux qu’il y a trois semaines, c’est juste que la confiance est là et ça change tout.

La trêve tombait bien ?

Ces trêves n’arrivent jamais au bon moment, c’est toujours un casse-tête pour nous. Elles n’apportent pas grand-chose de bon pour les clubs. Ça nous permettra peut-être de retrouver un joueur de plus [en reprise, Aigars Skele devrait être du déplacemen­t à Nanterre samedi]. On avait trois internatio­naux, les trois ne sont pas partis avec leur équipe nationale [blessés].

Le maintien reste encore bien loin malgré tout…

Le championna­t est très long, tout le monde peut battre tout le monde. La reprise va être importante mais on sait d’où on vient. C’est suffisamme­nt pénible à vivre, on sait tous ce qu’on a vécu et personne n’a envie de retourner dans cette spirale. Il n’est pas question de se relâcher ou de se croire arrivé.

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(Photo Sébastien Botella) Marc Berjoan livre un discours lucide.

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