Antibes : les livraisons à Carrefour bloquées
« Vous allez où ? À Carrefour ? Ah, non, on ne passe
pas...» Hier, au petit matin, les camions venus livrer l’hypermarché ont été contraints de faire demi-tour au rond-point de Provence. Fraîchement cueillis par une dizaine de gilets jaunes qui, depuis trois semaines, occupent cet axe stratégique et qui, avec ce « blocus » sont passés à la vitesse supérieure. Débouchant de l’autoroute, camions-citerne en provenance du dépôt de carburants de Puget dans le Var, venus alimenter la station-service du centre commercial ou camions frigorifiques partis depuis Fuveau, dans les Bouches-duRhône... une dizaine de poids-lourds ont dû effectuer des manoeuvres pour rebrousser chemin. Une opération délicate mais exécutée dans le calme. «On comprend le ras-le-bol ! C’est général ! » lançait un chauffeur. Pour barrer la route, les manifestants ont usé des moyens du bord : de grands containers à poubelle, des palettes de bois entreposées près du campement installé en marge du rond-point depuis plus d’une semaine. Peu après 9 heures, les scènes devenues habituelles depuis le début du mouvement se sont renouvelées : coups de klaxon des automobilistes pour saluer les gilets jaunes et réponses tout aussi bruyantes de ces derniers. Pas de filtrage. Sauf, pour quelques poidslourds soupçonnés de venir livrer l’hyper et sommés de donner sa destination. Mais toujours dans le calme et sous l’oeil des policiers venus se repositionner. En fait, la quasi-majorité des camions qui ont fait demi tour ont pu rejoindre un autre accès du centre commercial, chemin de Saint-Claude. Du coup, hier, dans les rayons du grand supermarché, très peu de produits manquaient à l’appel. Poissonnerie et crustacés, viandes et charcuterie, fruits et légumes... les étals étaient bien fournis. Vers 10 heures, les salariés finissaient de garnir certains rayonnages. Preuve que la situation est perturbée. A quel point ? Les directions des établissements régionaux ne s’exprimant pas directement, nous nous sommes tournés vers la société chargée de la communication du groupe. On confirme que les livraisons sur Antibes ont eu lieu plus tard et que ces blocages prolongés ou intermittents ont évidemment un impact économique, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année. Mais impossible de livrer une estimation du préjudice subi depuis trois semaines. Un chiffrage est en cours au niveau national. A la stationservice, le plein était limité à 45 euros. Et plusieurs pompes étaient à sec. Les gilets jaunes, eux, comptent bien renouveler leur blocage.