Nice-Matin (Cannes)

Saint-Laurent : l’écrivain Joseph Joffo est décédé

L’auteur du célèbre livre autobiogra­phique « Un sac de billes » s’est éteint hier à l’âge de 87 ans

- S. L.

Son destin s’est forgé dans la nuit et le brouillard. Puis, l’écriture a été son exutoire. Sa revanche sur l’horreur nazie. Joseph Joffo est décédé, des suites d’une longue maladie, hier, à Saint-Laurent-duVar. Il avait 87 ans.

« Fier d’avoir été son papa»

Son ouvrage Un sac de billes, publié en 1973 et couronné par l’Académie française, a été vendu à plus de vingt millions d’exemplaire­s. Un livre autobiogra­phique. «Je raconte l’histoire de deux enfants de douze et dix ans – mon frère, Maurice, et moi – pendant la Seconde Guerre mondiale. Un jour d’avril 1942, alors que je reviens de l’école en lambeaux après avoir échangé mon étoile jaune contre un sac de billes, notre mère nous tend deux musettes et un billet de 5 000 francs. En nous faisant promettre de passer la ligne de démarcatio­n pour rejoindre nos aînés, Henri et Albert, réfugiés à Menton. Pour nous, qui n’avons peur de rien, habitués à la débrouille dans un Montmartre où l’on survit plus qu’on ne vit, c’est le début d’une aventure» ,expliquait Joseph Joffo, dans une interview accordée à Nice-Matin. C’était en 2014. Avant le tournage, à Nice, de l’adaptation de son ouvrage par Christian Duguay. En septembre 2015, il était venu assister au tournage en présence d’Elsa Zylberstei­n et Patrick Bruel qui campaient le rôle de ses parents. Hier, Patrick Bruel, lui a rendu hommage sur Twitter : « Joseph Joffo s’en va...Tellement fier d’avoir été son papa le temps d’un “Sac de billes”. Salut l’artiste».

« Une humilité de grandeur»

Sur la plage, lors de ce tournage, il était très ému. Il revivait sa vie d’enfant juif, traqué. Il repensait à sa fratrie qui s’était retrouvée à Menton, puis, la main tendue par l’évêque de Nice. « Mgr Rémond, à qui l’on doit d’avoir sauvé 527 enfants juifs pendant la guerre. Alerté par le curé de la Buffa, c’est lui qui nous [a obtenu]nos vrais-faux certificat­s de baptême», racontait l’auteur. Des années plus tard, Joseph Joffo revenait sur les lieux de son histoire. Il avait, d’ailleurs, rencontré le père Gil Florini, dans l’église de la Buffa, à Nice. L’homme d’église s’en souvient. «Ce qui devait durer cinq minutes a duré plus d’une heure. Puis, nous nous sommes revus. C’était un homme profond. Vrai dans ce qu’il disait. Il était d’une grande simplicité et, en même temps, il avait une assurance par rapport à tout ce qu’il avait pu vivre. Pour moi, il avait une grande humilité. Pas une humilité d’effacement mais une humilité de grandeur. Il avait très envie que les choses ne s’oublient pas.» Joseph Joffo ne tombera pas dans l’oubli. Son Sac de billes passe et passera les génération­s. « Son autobiogra­phie était belle, son témoignage précieux. Ce formidable écrivain a marqué des millions de lecteurs, par le récit de son enfance pendant l’occupation allemande », a réagi sur Twitter Sacha Gozlan, président de l’Union des étudiants juifs de France.

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(Photo François Vignola) Joseph Joffo, en septembre , lors du tournage à Nice d’« Un sac de billes»

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