Nice-Matin (Cannes)

La revanche de la France d’en bas

- Reporter edito@nicematin.fr

Les En et certaines pour plusieurs cheminots tout, revendicat­ions mois que doivent le de courroux grève, l’avoir parfois ils mauvaise. des n’avaient ubuesques Français. récolté, Comparées des gilets en tout à jaunes, Ils étaient les des leurs parangons relevaient de pourtant réalisme du et pipi de tempérance. de chat. La mansuétude dont bénéficien­t aujourd’hui les gilets jaunes ne laisse pas d’étonner. Qu’ils soient débordés par les casseurs, qu’ils se radicalise­nt pour certains, qu’ils demandent tout et son contraire et souvent l’impossible, rien n’y fait : ils restent populaires et nul ne semble oser les placer face à leurs contradict­ions et leurs excès. Surtout pas les partis d’opposition, qui tentent désespérém­ent de les récupérer, sans avoir l’air de trop y toucher. Pour un Benjamin Cauchy qui appelle à un dialogue ferme mais sincère pour des avancées tangibles, quelques-uns ont basculé dans l’hystérie haineuse, insatisfai­ts par principe, écumant contre « Macron et sa clique », «la députasser­ie », et prompts à balancer les adresses des députés marcheurs pour les jeter à la vindicte populaire. Ce jusqu’au-boutisme

les discrédite en

même temps que le gouverneme­nt n’en finit plus de se déculotter. Une hausse des bas salaires, à l’étude, ou le rétablisse­ment de l’ISF, suffiraien­t-ils à calmer la fronde ? Pas sûr, tant ce qui se joue ces temps-ci tient de la revanche. Celle de la France d’en bas. Depuis près de trois décennies, quelques spasmes mis à part, elle s’était abandonnée à son sort. Pas plus tard qu’il y a deux ans, elle paraissait même résignée à s’infliger une potion plus amère encore, sous la cravache de Fillon qui s’annonçait bien plus cinglante que celle de Macron. Celui-ci n’est pas seul coupable d’avoir réveillé le volcan en sommeil. Mais son arrogance a remis le feu aux poudres. Les gilets jaunes, autant que des espèces sonnantes, veulent se payer le pouvoir. Lui montrer qu’ils peuvent l’amener à Canossa. Ils admettaien­t d’être dans la mouise, tant qu’on ne les méprisait pas. En les invitant à traverser la rue pour bosser et, partant, s’acheter des costumes, Macron s’en est fait des ennemis irréductib­les. On en oublierait presque qu’ils revendique­nt un arsenal néocommuni­ste qui, Mélenchon et Hamon réunis, avait à peine séduit un quart des Français en avril . A l’arrivée, ce conflit, outre des avancées non négligeabl­es pour ceux qui se serrent la ceinture, va sans doute réinstalle­r les syndicats dans leur rôle de médiateurs. Un pied-de-nez totalement imprévisib­le voilà six mois encore.

« Les gilets jaunes veulent amener le pouvoir à Canossa. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France