Retrouvailles manquées
A la demande du Gouvernement monégasque et de la Préfecture des A-M qui considéraient que la sécurité du derby ne pouvait être assurée, la LFP a décidé de reporter la rencontre
Ce devait être l’attraction de cette 17e journée. Le derby : Monaco - Nice. Le match : Henry -Vieira. Les potes. Deux anciens d’Arsenal, deux coachs en début de carrière. « En Angleterre, les journalistes n’attendaient que ce face à face, nous expliquait l’ancien Gunners Robert Pirès. Ils ne savent pas forcément que c’est un derby, juste le match entre Henry et Vieira, deux légendes ». C’était beau. On avait tous envie de voir ça, et pourtant il faudra patienter. Hier, peu avant midi, la ‘‘ Ligue de football professionnel a publié un communiqué annonçant le report du match : « A la demande du gouvernement princier de la Principauté de Monaco et en lien avec la Préfecture des AlpesMaritimes, la LFP reporte la rencontre AS Monaco / OGC Nice, comptant pour la 17e journée de Ligue 1 Conforama initialement prévue ce vendredi 7 décembre à 20h45. La Commission des Compétitions de la LFP fixera ultérieurement la date de la rencontre.» La raison de ce report n’est pas clairement donnée dans le communiqué de la Ligue, mais l’appel à manifester demain des “gilets jaunes” en serait la cause. Et par effet ricochet, la sécurité que le gouvernement doit préserver dans tout le pays. Que s’est-il passé en coulisses hier pour en arriver là ? En début de matinée, un long entretien a eu lieu entre le préfet de région Georges-François Leclerc, le ministre d’Etat monégasque Serge Telle, et le ministre de l’intérieur Patrice Cellario. Le sujet était simple : compte tenu du contexte actuel, faut-il maintenir cette rencontre toujours classée à haut risque, mobilisant un important dispositif de sécurité ? Réponse : « Le climat n’est pas propice à la tenue du match ». D’autant que dans le même temps, les policiers du département devaient faire face hier à de nombreux débordements à proximité d’établissements scolaires niçois (lire notre édition), chose qui n’a pas aidé à envisager une autre alternative. Au final, celle-ci est collégiale : le match doit être reporté. « Pour faire face à d’éventuels comportements incivils, un dispositif mutualisant les forces monégasques et françaises est indispensable et nécessite, outre la présence de plus d’une centaine de policiers monégasques, plusieurs unités mobiles de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS), des gendarmes et des policiers français. Le contexte actuel ne permettant pas de s’assurer de la pleine sécurité de cet événement sportif, le Gouvernement Princier, en totale concertation et coordination avec le Préfet des Alpes-Maritimes, a sollicité, auprès de la Ligue de Football Professionnel, le report de la rencontre », a expliqué dans un communiqué Patrice Cellario. Dans la foulée, le préfet rendait compte au ministère de l’intérieur. Plus tard, la LFP annonçait le report de SaintEtienne Marseille. Puis Angers - Bordeaux et Nîmes-Nantes dans la soirée. Le 4 décembre, Toulouse - Lyon et PSG Montpellier avaient déjà été reportés. Des décisions prises au compte-gouttes qui agacent les supporters. A Monaco comme à Nice, l’annonce tardive de ce report, alors que les contraintes étaient connues depuis longtemps, irrite. « Nous avons des supporters qui avaient tout prévu pour venir de loin, parfois par avion, pour assister au match, et ils vont tout perdre », confie un supporter de l’ASM. « Quand on voit l’actualité et la mobilisation croissante dans le pays, c’est légitime de reporter un match de football, avoue Grégory Massabo, porte-parole de la Populaire Sud. Il y a des choses plus importantes que le foot, et la précarité sociale des Français en fait bien sûr partie. En revanche, ce report annoncé à 24 heures seulement de la rencontre n’est pas sans rappeler l’attitude des autorités à l’égard des supporters depuis quinze ans. De la répression, des interdictions formulées dans l’urgence, jamais dans l’anticipation. Un déplacement à Monaco est épargné en termes de logistique, mais si c’était à Nîmes par exemple avec des locations de bus et de J9, les frais engendrés auraient été irrécupérables pour les associations de supporters. La sensation d’être écouté mais jamais entendu persiste. Cette situation mérite d’élever le débat avec une question : quels sont les compétences et l’état d’esprit de nos élites ? Ce ne sont pas le genre d’élites qui tirent un pays vers le haut. » Que se passera-t-il le week-end prochain ? Tout le monde est dans le flou. Les Monégasques devraient être fixés dès mardi. L’ASM doit recevoir les Allemands du Borussia Dortmund dans un match sans enjeu, mais qui nécessite toujours la présence des forces de l’ordre. Pour l’instant aucune réponse n’est donnée.
La sensation d’être écouté mais jamais entendu persiste ” Grégory Massabo, porte-parole de la Populaire Sud.