Nice-Matin (Cannes)

Et rien à perdre » «La liberté, le pouvoir d’achat »

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«Il faut maintenant donner la parole au citoyen. Nous ne sommes pas entendus. Ils ne nous lâchent que des miettes », balance Antoine, prof dans la vallée. Il est venu avec son épouse sur le rondpoint. Elle est prof, elle aussi. Ils sont jeunes. Ils sont parents de trois enfants. «On est presque des privilégié­s. Mais que va-t-on pouvoir offrir comme vie, comme société à nos enfants. Est-ce que l’on va pouvoir leur payer des études ? ». Priscilla, petit bout de femme lumineuse et pleine d’énergie, explique : « J’ai mal à ma France. Hier, je regardais la télé et j’avais les larmes aux yeux. Et je ne regardais pas le feuilleton de M6». En main, une pancarte : « Dehors les pourritici­ens». Leur vision de la société à construire : elle doit être basée sur l’humain. « D’ailleurs, c’est le mot que je prononce le plus dans mes cours », dit le prof d’histoire.

« Les députés se gavent sur notre dos »

Un peu plus loin, Mirabelle berce son bébé collé sur sa poitrine. Un « gilet jaune » plus... politique. « Ce que l’on veut avant tout c’est un référendum d’initiative citoyenne ». Ce dispositif qui doit permettre aux Français de faire ou modifier la loi sans passer par les députés ni les sénateurs. La jeune femme ajoute : « On veut aussi une Assemblée nationale citoyenne. Et une justice organisati­onnelle ». « Les députés et les sénateurs se gavent sur notre dos. On n’en veut plus », largue Mika. Anthony, 28 ans, Kévin, 27 ans sont des membres actifs du mouvement. Kevin est menuisier alu. Son pote, routier. Et SDF. «Et oui, je n’arrive pas à louer un appart. Pourtant, je gagne plus de 2000 euros avec les heures sup’. Mais, comme sur mon bulletin de paie, c’est le Smic... », regrette le jeune homme. Leur revendicat­ion est plus symbolique : « Rendez-nous notre liberté». Qu’elle devienne une réalité. Pas un « concept ». Cela passe par du pouvoir d’achat : « Le 5, on paie le loyer, les factures. Le 6, on calcule. Le 10, on est à sec. Quand on n’a pas d’argent, on n’est pas libre ». Priorité : « L’augmentati­on du SMIC, car tout évoluerait à côté» .Aujourd’hui, les deux jeunes, dont l’un porte le masque des mamonymous, sont fiers de « cette France qui se lève ». Et ils sont sur-motivés : « On a tout à gagner, rien à perdre ». Les taxes sur le carburant, c’est un pas, avouent certains « gilets jaunes ». Pas pour tous. « La hausse, elle est là, non ? Elle va rester ? Oui ! On veut le retour du gasoil à 1,25 euros », exige Jean-Paul. «Et la CSG ! Il faut qu’il revienne sur la CSG », le coupe François. « J’ai perdu 30 euros par mois depuis Macron. Il nous suce comme une sangsue ». Quant à Pierre ; il est plus direct dans ses demandes. « On veut trois choses : un, la démission de Macron. Deux, la démission de Macron. Trois : ou alors un référendum sur la démission de Macron ».

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Les revendicat­ions des «gilets jaunes» sont multiples. Parfois difficiles à cerner.

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